Face aux visées hégémoniques de Pékin, les Taïwanais bâtissent peu à peu une étonnante démocratie numérique. Focus sur une politique pour l’avenir. « Un pays, deux systèmes ? Jamais ! » Les Taïwanais l’ont affirmé haut et fort : ils n’accepteront pas de tomber sous la coupe de la Chine, dont les côtes sont situées à moins de 200 kilomètres de leur île. Car sous l’égide du président Xi Jinping, Taïwan attise plus que jamais les convoitises de son puissant voisin, qui n’a jamais reconnu son indépendance et entend la faire revenir dans son giron, comme Hongkong. Pour se prémunir de la pression de Pékin, ce pays « de facto », comptant 24 millions d’habitants, possédant son drapeau, son hymne, sa monnaie, sa langue et ses institutions, lui oppose une démocratie novatrice, portée par le numérique, et qui s’est développée en même temps qu’Internet. En 2014, le monde a découvert le visage multiforme de la citoyenneté taïwanaise à la faveur de l’occupation du Parlement, lors de la « révolution des tournesols » : étudiants, rockers alternatifs, hackers, programmeurs, développeurs… Leur icône : Audrey Tang, anarchiste, transgenre et ministre du Numérique depuis 2016. Cette militante LGBT œuvre chaque jour à rapprocher l’exécutif taïwanais de la population. Son arme : des lignes de code. Son projet : faire de Taïwan le laboratoire mondial de la démocratie directe, sachant résister aux 5 millions de cyberattaques quotidiennes orchestrées par le pouvoir central chinois. Avec ses « fake news », ses armées de trolls et ses virus toujours plus sophistiqués, Pékin affiche d’une autre manière ses ambitions de superpuissance numérique mondiale. Le laboratoire démocratique taïwanais se trouve aujourd’hui en première ligne de la cyberguerre globale. Mêlant séquences in situ, archives et entretiens, notamment avec l’étonnante Audrey Tang, ce documentaire conte l’épopée de cette génération qui refuse de plier, préfigurant peut-être la politique du futur… Documentaire d’Alain Lewkowicz disponible jusqu’au 11/09/2021.