Les Russes peuvent encore se rendre sans visa en Serbie, l’un des derniers alliés de la Russie sur le continent européen, qui refuse d’appliquer les sanctions contre Moscou. Alors, depuis le début de la guerre en Ukraine, des milliers d’opposants politiques se sont réfugiés en Serbie, atterrissant paradoxalement, dans un pays où une partie de la population a été traumatisée par les bombardements de l’Otan de 1999, et soutient Vladimir Poutine.

Ils ont fui car ils étaient pourchassés par les autorités russes pour leurs idées, ou pour éviter la conscription. Environ un million de Russes auraient choisi de quitter leur pays depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais pour eux, les destinations accessibles sont désormais limitées. Pour rejoindre l’Europe, nombre d’entre eux ont choisi la Serbie, où les Russes sont les bienvenus. Ici Vladimir Poutine jouit d’un soutien populaire, et le gouvernement continue d’entretenir des liens forts avec le Kremlin. Le pays est le dernier d’Europe à avoir des vols directs avec Moscou, et les Russes qui s’y installent bénéficient d’un accueil chaleureux. En Serbie, même s’ils peuvent exprimer leurs opinions politiques sans risque juridique, les dissidents russes exilés se font discrets. Car autour d’eux, de nombreux Serbes continuent d’admirer le maître du Kremlin.

Vladimir, conseiller municipal à Saint-Pétersbourg, risquait la prison pour avoir manifesté son opposition à la guerre en Ukraine. Désormais en sécurité à Belgrade, il entend bien continuer son combat politique. Mais son activisme ne passe pas inaperçu : il est désormais la cible de menaces sur les réseaux sociaux serbes.

Si les Serbes soutiennent Vladimir Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine c’est parce qu’ils estiment avoir les mêmes ennemis : les États-Unis et l’Otan. C’est le cas de Nikola, un leader étudiant, ancien combattant pro-russe dans le Donbass. Revenu en Serbie, il continue à prêcher pour un soutien inconditionnel à Poutine. Il peut compter sur les relais d’influence de la Russie, nombreux dans le pays, pour diffuser son message.

D’autres Serbes choisissent cependant un autre chemin, celui de la neutralité et de la solidarité. Après avoir vécu onze ans en Russie, Milan a choisi de rentrer définitivement en Serbie. Il accueille dans un chalet de montagne qu’il a fait rénover les exilés dans le besoin : Russes comme Ukrainiens, pour quelques jours ou pour quelques semaines, en attendant qu’ils trouvent un endroit pour vivre, en Serbie ou ailleurs.

Reportage (2023, 33mn)
Disponible jusqu’au 29/11/2025