Cette enquête s’intéresse à une catégorie de jeunes qui a du mal à joindre les deux bouts : ces livreurs à vélo, qui essaiment dans nos rues et dont le nombre a encore explosé avec la pandémie. Une société, en particulier, a beaucoup fait parler d’elle, c’est la multinationale américaine Uber Eats, active entre autres à Genève, Lausanne ou Neuchâtel. Pour faire simple, grâce à Uber Eats, on peut commander via une application sur son téléphone mobile un repas, qui est préparé en restaurant et livré à votre porte par un coursier, le plus souvent à vélo. C’est rapide et pratique, mais seulement voilà : ce modèle d’entreprise arrange le consommateur, et bien sûr la multinationale, mais ni les restaurateurs, ni surtout les livreurs. Contraints de pédaler jusqu’à l’épuisement, exposés aux accidents, ces jeunes livreurs, que Uber considère comme des indépendants, sont souvent précarisés et ont vu leurs revenus se faire grignoter, tant ils sont nombreux sur le marché. Genève fait figure de laboratoire romand, car une bataille judiciaire y est menée pour que les livreurs soient mieux traités. Depuis la fin de notre tournage en juillet 2020, il y eu un coup de théâtre dans cette affaire, qui oppose l’Etat de Genève, le syndicat UNIA à la société Uber Eats. Cette dernière a perdu une première étape judiciaire et doit désormais traiter ses 500 livreurs comme des employés, qui ont droit à des charges sociales et des vacances. C’est une première mondiale contre la multinationale américaine, mais le Tribunal Administratif fédéral doit encore se prononcer sur le fonds. Un documentaire de Xavier Nicol.