En novembre 1937, Shanghai, la plus grande ville de Chine, tombe après trois mois d’une résistance acharnée, menée par Tchang Kaï-chek et ses partisans, face à une armée japonaise dont les stratèges avaient cru l’emporter en huit jours. La route de la capitale historique de l’empire du Milieu, Nankin, à 300 km à l’ouest, est désormais ouverte aux bataillons nippons, qui s’y dirigent à marche forcée et l’encerclent. Dans les campagnes, déjà, les troupes ont commis des massacres de civils et des viols massifs. Mais après leur entrée dans Nankin, le 13 décembre, elles se livrent, deux mois durant et en violation de toutes les lois de la guerre, à un déchaînement de violence aveugle qui fait 200 000 victimes, militaires et civils mêlés. Des missionnaires américains recensent jusqu’à mille viols par jour. Des faits que le Japon, vaincu et occupé, ne découvrira qu’en 1947, lorsque le tribunal international de Tokyo jugera vingt-cinq de ses hauts dirigeants pour leurs responsabilités dans une guerre de colonisation qui, au total, aura fait plus de 20 millions de morts en Asie et dans le Pacifique. Le général Iwane Matsui, fêté comme un héros dix ans plus tôt pour la conquête de Nankin, sera condamné à la pendaison. Sa dépouille, ainsi que celles du Premier ministre Tojo et d’autres condamnés de 1947, sera transférée en 1978 au sanctuaire de Yasukuni, dans la capitale nippone, lors d’une décision toujours controversée sur la scène internationale, notamment par la Chine et par la Corée. Après Le Japon sous les décombres, remarquable documentaire en deux parties sur la défaite japonaise et l’occupation américaine réalisé soixante ans après les faits et diffusé par ARTE, Serge Viallet continue d’explorer l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Son film part du procès de 1947 pour raconter, chronologiquement, ce que l’on sait aujourd’hui des massacres de Nankin, et tente d’en éclairer les causes profondes. Vent de folie ? Ordre de la hiérarchie ? Bien des zones d’ombre subsistent, qu’une partie du Japon d’aujourd’hui rechigne à regarder en face, comme l’illustrent les récits d’anciens bourreaux « ordinaires », effrayants dans leur sècheresse. Avec les témoignages de villageois chinois qui subirent l’occupation japonaise, ils montrent combien les atrocités passées pèsent sur le présent, faute d’avoir été, à ce jour, pleinement reconnues. Documentaire Un documentaire réalisé par Serge Viallet.