En 1945, la question de la création d’un État juif en Palestine revient sur le devant de la scène géopolitique. À la tête du mouvement sioniste, David Ben Gourion réclame que les survivants de la Shoah puissent librement émigrer en « Terre promise », ce qui crée des dissensions parmi les pays vainqueurs. Une aubaine pour Staline qui y voit l’opportunité de prendre pied au Moyen-Orient.

Dans l’immédiat après-guerre, accorder une patrie aux juifs est loin d’être une priorité. À l’automne 1945, 70.000 survivants de la Shoah attendent toujours, dans des camps de déplacés, qu’on statue sur leur sort. En Palestine, où la population juive déjà installée rêve de constituer un État indépendant, la puissance d’occupation anglaise limite les visas d’entrée. À la tête de l’Agence juive, sorte d’embryon de gouvernement, David Ben Gourion travaille à exaucer ce vœu d’une terre promise. Mais sa volonté se heurte au jeu des grandes puissances : les États-Unis, par la voix de Harry Truman, se déclarent favorables à l’octroi de visas pour l’entrée des déplacés juifs en Palestine, quand les Britanniques s’y opposent farouchement. Alerté, le Kremlin voit dans ce conflit larvé l’occasion d’accroître les dissensions entre les alliés occidentaux et de s’ouvrir un accès au Moyen-Orient. Après avoir autorisé les juifs des pays occupés par l’Armée rouge à franchir leurs frontières, changeant le rapport de forces des populations en Palestine, Staline va même jusqu’à donner, par l’intermédiaire de son représentant aux Nations unies, une voix pour la création d’Israël. Il fera livrer des armes au jeune État, attaqué par les Palestiniens au lendemain de sa proclamation officielle, le 14 mai 1948, ce qui n’empêchera pas le dictateur, par la suite, de refuser un visa aux juifs soviétiques cherchant à émigrer, et de réprimer toute tentative d’émancipation de cette population.

Bousculer les certitudes
Avec le temps, la connaissance du passé s’affine, mais les idées reçues sont parfois tenaces. De la responsabilité de l’Autriche dans les atrocités du nazisme à la faillite européenne engendrée par la crise des subprimes, du rôle joué par l’Angleterre dans la résistance à Hitler à la création de l’État d’Israël, fruit des rapports de force entre grandes puissances, cette passionnante collection documentaire porte un nouveau regard sur l’histoire récente en bousculant les certitudes et en décryptant les faits. Une lecture revue et corrigée, déroulée dans des récits limpides tissés de saisissantes archives.

Série documentaire (France, 2021, 52mn)