En forme de coeur, charnue et savoureuse, la fraise des jardins d’antan a un parfum de paradis perdu. Mais où est-elle passée ? S’est-elle perdue avec les fraises de Noël, championnes du gaspillage énergétique, ou égarée dans les serres hors sol, où les plants ne sont jamais en contact avec la terre et où les pesticides font office de médicaments ? La majorité des fraises consommées aujourd’hui provient d’Andalousie, une région où se concentrent les chômeurs espagnols et les migrants des pays pauvres. Quelques puristes bio tentent de subsister à l’agrobusiness : ainsi dans le Périgord, où sont cultivées des fraises sans pesticides, dans le respect de l’équilibre naturel. Dans sa belle robe rouge, la fraise est une star et l’un des fruits préférés des Français qui en consomment 150 000 tonnes par an. Mais elle a aujourd’hui un goût de paradis perdu. 90 % des fraises vendues sur nos étals proviennent de cultures sous serre, majoritairement d’Espagne, du Maroc et de Belgique. De plus, cultivées hors sol, elles ne se nourrissent plus des richesses de la terre mais uniquement d’engrais chimiques et de pesticides, dont il reste toujours des résidus. Des fraises au goût de business qui écrasent leurs rares concurrentes bio, sucrées, savoureuses et saines mais dix fois plus chères.