Un homme parle de son amour d’adolescent pour le ballon rond, de l’absence d’images de sa jeunesse et de sa mémoire chancelante. Dans les années soixante, le sport n’était alors qu’un jeu. 2003 : quarante ans plus tard, un garçon du même âge joue aussi au football : son père le filme avec la plus récente caméra numérique. Entre ces deux mondes, une vie, et un événement local majeur : la construction d’un nouveau stade à Genève. Et un flot de questionnements. Comment s’opère cette mutation entre un lieu de mémoire et un lieu encore virtuel ? Comment se concrétise une idée onéreuse qui semble s’imposer dans une société en pleine crise existentielle ? Ces questions que se pose le quinquagénaire, le film tente d’y répondre en essayant de retenir les leçons de l’histoire. «Du pain et des jeux», cette phrase désabusée de Juvenal a 2000 ans, obsède le protagoniste. A travers de multiples témoignages, il aimerait savoir si la Terre a vraiment tourné et la manipulation des foules présente toujours les mêmes facilités. L’aventure du Stade de Genève va lui donner de nombreuses opportunités soit de se rassurer, soit de s’inquiéter. Les multiples étapes que nécessitent la construction d’un complexe aussi important qui s’étalent dans une durée inhabituelle pour un film permettent de révéler l’évolution non seulement du chantier, mais des personnages et des idées. Certaines et certains émergent. S’imposent. D’autres disparaissent au fil des années. Pures anecdotes ? Non, justement le sel de l’histoire. Le protagoniste sait qu’une fois le stade construit, tout le monde aura oublié ces prolégomènes. Or par ce travail de mémoire, le protagoniste veut capitaliser une expérience, transmettre un véritable savoir et une réflexion cohérente qui serve non seulement aux spectateurs d’aujourd’hui, mais aussi aux personnes qui construirons le futur stade en 2070 voire 2100…