Don Quichotte est notoirement reconnu pour sa lutte contre des moulins à vent, un acte devenu une expression courante pour symboliser une bataille contre l’inévitable et par conséquent, une bataille perdue. Allons plus loin que cette phrase souvent citée, et analysons davantage ce personnage emblématique.
Miguel de Cervantès, l’illustre auteur de Don Quichotte
Miguel de Cervantès Miguel de Cervantès Miguel de Cervantès a vu le jour à Alcalá de Henares vers le 29 septembre 1547. Suite à sa résidence à Madrid, il se rend à Rome où il devient le camérier du cardinal Acquaviva.
En 1571, il combat à la bataille de Lépante où il perd une main, lui valant le surnom célèbre de manco de Lepanto (manchot de Lépante).
Après plusieurs campagnes militaires, il choisit de retourner en Espagne. La galère sur laquelle il a embarqué à Naples est attaquée par des corsaires barbaresques et Cervantès est capturé à Alger. Il tente de s’évader à quatre reprises et échappe à la peine de mort grâce à ses soutiens.
Le 19 septembre 1580, il est libéré par des Trinitaires et retourne à Madrid. En 1584, il se marie avec Catalina de Palacios Salazar Vozmediano et leur fille Isabel naît. En 1585, la première partie de La Galatée, un roman pastoral, est publiée.
En 1613, il publie les Nouvelles Exemplaires. Les années de publication de Don Quichotte sont 1605 pour la première partie et 1615 pour le deuxième tome. Entre-temps, il écrit les Nouvelles exemplaires et Comédies et Intermèdes. Il publie ensuite les Épreuves et travaux de Persilès et Sigismonde. En 1618, Don Quichotte est traduit en français.
Cervantès décède le 23 avril 1616 à Madrid. Il est célèbre pour avoir écrit Don Quichotte, ce roman polyphonique qui se moque des récits de chevalerie.
Don Quichotte, le personnage
Don Quichotte et Sancho Don Quichotte et Sancho Ce héros est légendaire, surtout connu pour l’épisode où il se bat contre des moulins à vent qu’il confond avec des géants.
Don Quichotte est plutôt un antihéros car il échoue constamment dans ses combats. Il est victime de délires provoqués par sa lecture des romans de chevalerie. Cet hidalgo se rêve en chevalier et est amoureux de Dulcinée du Toboso.
À travers ce personnage, Cervantès tourne en dérision les romans de chevalerie très populaires à l’époque. Don Quichotte est un rêveur délirant, incapable de distinguer la réalité ; à côté de lui, son loyal écuyer Sancho Pança est un homme matérialiste. Ils forment un duo qui a besoin l’un de l’autre : Don Quichotte pour être plus réaliste et Sancho pour rêver.
Don Quichotte, également appelé le chevalier à la triste figure, est un homme maigre d’une cinquantaine d’années. Son délire est littéraire, c’est pourquoi son entourage décide de brûler sa bibliothèque. Ses échecs et ses confusions sont sources de rires.
Don Quichotte peut être considéré comme une parodie des romans de chevalerie et aussi comme un des premiers romans modernes. Nous pouvons également mentionner d’autres épisodes comiques, comme le troupeau de moutons que Don Quichotte prend pour une armée ; les bergers l’arrêtent dans sa folie.
Il veut également défendre la belle et imaginaire Mélisande et combat un groupe de Maures qui ne sont en réalité que des marionnettes de Maître Pierre. Finalement, il doit payer pour les dommages causés. Penchons-nous maintenant sur Don Quichotte dans son contexte.
Le contexte : l’Espagne de Cervantès
Dans la première partie de Don Quichotte, le chevalier prend la route nord-sud, de la Nouvelle Castille jusqu’à l’Andalousie. Dans la seconde, il suit un axe sud-nord-est : il traverse les anciens royaumes d’Aragon et se rend jusqu’à la Catalogne.
La société espagnole, dans Don Quichotte, est décrite de manière partielle : peu de commerçants en dehors des aubergistes, peu d’artisans. Il y a une certaine ambiguïté, tout comme l’anonymat du village d’où part Don Quichotte, qui indique une tendance vers l’atopie. Les aventures sont censées se dérouler en un seul été, mais on a plutôt le sentiment d’une intemporalité.
Selon Pierre Vilar, historien, Quichotte est représentatif d’une époque de crise et de déclin.
L’Espagne à l’époque de Cervantès, possède des territoires dans le monde entier, notamment sur les rives du Pacifique. D’autres critiques placent l’œuvre du Quichotte avant le déclin de l’Espagne sous prétexte que ce livre est très joyeux. Le Quichotte peut être qualifié de baroque car une telle œuvre expose sa genèse, brouille les distinctions entre réalité et fiction, et contient un germe autodestructeur qu’elle neutralise.
En résumé, le Quichotte est un grand classique à lire et à relire, un roman précurseur moderne et comique. Il anticipe le romantisme du XIXe siècle qui se délecte de la lutte entre l’idéal et le réel. De même, il peint les coutumes de son époque, pose des questions morales et politiques, et le rire a le dernier mot.
