TREVIZAC ou le destin inattendu d’un orphelin élevé par sa grand-mère dans le Limousin des années 1970-1980

L’histoire de ce délicieux roman de Xavier-Marie Garcette se passe à Trévizac, château familial un
peu perdu dans la campagne du Limousin, où Jean, jeune orphelin, vit seul avec sa grand-mère
Madeleine. Les parents de Jean sont morts dans un accident de voiture et brutalement, celui-ci a
perdu tous ses repères. Le bonheur ne semble pas au rendez-vous ! Mais ce serait sans compter
sur Madeleine, sa grand-mère adorée, son « phare dans la tempête » qui va l’élever et l’aider à
devenir adulte. La vie ne va pas s’arrêter là !

La vie ne s’arrête pas là, mais elle n’est pas toujours rose, dans ce château de quarante-trois
pièces isolé, totalement délabré et si difficile à entretenir faute d’argent. D’autant que l’argent n’a
pas toujours manqué dans la famille de « Grand-mère ». En effet, Madeleine, née en 1897 dans
une riche famille limougeaude sans soucis pécuniaires, a connu l’aisance matérielle jusqu’aux
années 30, où la situation a changé. Il a fallu éponger les dettes de son « mari flambeur » décédé
dans un accident de voiture (déjà !), puis la crise de 1929 s’est chargée d’engloutir le reste de la
fortune familiale. Résultat, Madeleine a dû s’occuper seule de ses trois garçons et … de son grand
château !

Madeleine n’a pas sombré, ni même flanché. Elle a tenu le cap et gardé la tête haute pour élever
ses enfants et, malgré cette nouvelle catastrophe qui emporte son fils et sa belle-fille lui laissant la
lourde charge de son petit-fils, elle a décidé d’être joyeuse. Grâce à sa joie de vivre et à sa force de
caractère, elle va vaincre le chagrin et convaincre Jean que la vie vaut d’être vécue (même s’il faut
parfois forcer le destin). Afin que Jean ne se noie pas dans la tristesse et la mélancolie, Madeleine
va remplir le vide qui s’est créé en lui grâce à sa gaité, son humour et son optimisme à toute
épreuve.

Quel tempérament ! Quel personnage ! Et c’est dans ce tempérament et dans cette capacité de
rebond que l’auteur situe le cœur de son roman ! Au-delà de l’histoire d’une relation fusionnelle
entre une grand-mère et son petit-fils, Xavier-Marie Garcette veut, aussi et surtout, interpeller le
lecteur en lui montrant l’aptitude au bonheur de certaines personnes. Madeleine voit de la gaieté
et de la beauté, là où (au mieux) on ne voit rien. Sa force admirable est d’égayer sa vie et celle de
son entourage.

L’intérêt du livre est aussi dans la narration de l’histoire heureuse mais compliquée de Jean et de
sa grand-mère. Sous forme d’une autobiographie (qui n’en est pas une), ce roman est le vibrant
hommage d’un petit-fils à « sa fée » comme il l’appelle affectueusement. Et, au-delà de la
description tout en finesse de cette relation d’amour et de tendresse, au gré d’un quotidien
souvent difficile, l’auteur parsème son texte de remarques sur la société et sur la vie de tous les
jours dans le Limousin des années 1970-1980. C’est aussi l’histoire du passage de l’enfance, à
l’adolescence puis à l’âge adulte de Jean, de ses relations difficiles avec les professeurs de l’école,
de ses premières amours, de ses responsabilités vis-à-vis de sa grand-mère malade. Quand
Madeleine se trouvera très affaiblie, le sujet de l’euthanasie sera abordé abruptement, ce qui
perturbera très fortement Jean, ainsi que le lecteur… mais tout s’arrangera autrement.
Quoiqu’il en soit, ce roman se lit d’une traite ! Xavier-Marie Garcette ne nous laisse pas souffler
une seconde. La vie de Jean avance de rebondissements en rebondissements. Et puis, « grand-
mère » est très active, sa personnalité haute en couleur attire d’autres personnages qui vont animer leur vie. Tel Vayrac le jeune commissaire-priseur qui bat la campagne à la recherche
d’objets de valeur et à qui Madeleine, démunie, va confier un fauteuil à vendre. Elle n’aura pas à le
regretter car ce fauteuil va s’avérer être un fauteuil Louis XVI de belle valeur. Pour entretenir son
« petit Jean » et son grand château, Madeleine, sait profiter des opportunités financières qui se
présentent à elle. Elle a fait confiance à Vayrac pour la vente du fauteuil et la suite de l’histoire
nous montrera qu’elle n’aura pas à le regretter !

Lire le roman « Trévizac », est un moment de lecture émouvant, plein de tendresse et de souvenirs
mais aussi haletant car, un coup de théâtre va décider de l’avenir de Jean, un événement
retentissant qui va sceller l’avenir de ce jeune orphelin que rien ne prédisposait à connaître un
destin aussi spécial !

Xavier-Marie Garcette sait décrire l’univers des années 1970-1980, les ambiances familiales un peu
complexes (la belle-fille jalouse de sa belle-mère…), il sait peindre la campagne limougeaude avec
des mots et surtout il sait raconter les sentiments de façon subtile et délicate.

Tous les lecteurs auront une pensée pour leur grand-mère, même si tous n’auront pas connu une
grand-mère comme Madeleine. Néanmoins, tout le monde retrouvera en elle, la « grand-mère
courage », issue de ces générations où l’on ne se plaignait pas. Ce roman sera également très
agréable à lire pour tous les natifs des années 60 qui y retrouveront l’écho de leurs plus jeunes
années avec délectation !

Trévizac de Xavier-Marie Garcette est un livre apaisant malgré les nombreuses péripéties de Jean
et de sa grand-mère Madeleine. Au fait, ne cherchez pas « Trévizac » sur la carte de France car ce
lieu n’existe pas, mais l’auteur a su le rendre tellement réel, que l’on a envie de s’y rendre au plus
vite pour visiter le site, ainsi que cette belle région limousine !

Anne GALLOU

« Trévizac », de Xavier-Marie Garcette – Le Lys Bleu éditions – 19,80 €.
Du même auteur : « Le marquis de Saint-Sozy », roman historique sur la vie d’un aristocrate du
Quercy du XVIIIème siècle.
A paraître en janvier 2023 : « La vierge noire et le voyou, une brève histoire de Francis Poulenc ».