Courte histoire de la Bretagne

L’histoire de la Bretagne plonge ses racines dans l’histoire ancienne de la France. Elle est riche, avec de nombreux événements uniques et intéressants qui ont façonné la culture de la Bretagne d’aujourd’hui. Les premiers habitants de la Bretagne étaient les Celtes, qui sont arrivés dans la région vers 400 avant Jésus-Christ.

La conquête romaine

Au Ier s. av.J.-C., l’Armorique, territoire comprenant la Bretagne et la Normandie actuelles, se situe dans l’orbite des conquêtes romaines. Après être devenu gouverneur de Gaule Transalpine et Cisalpine, en 58 av.J.-C., César envisage d’occuper la Bretagne (Grande-Bretagne actuelle) afin de contrôler les échanges commerciaux entre cette dernière et la Gaule. Cela provoque l’inquiétude des marchands armoricains qui y voient une possible diminution de leur commerce au profit de Rome.

En 56, une disette de blé vient donner le coup d’envoi de la révolte: les Romains réquisitionnent le grain à leur profit, dans la région des Vénètes, qui se rebellent contre cet accaparement. Après avoir maté la révolte, les Romains entreprennent la romanisation de l’Armorique: ils fondent des villes ex-nihilo à partir des peuples existants et les organisent sur le modèle romain avec un « cardo » (axe nord-sud) et un « decumanus » (axe est-ouest) à la croisée desquels se trouve le forum. Ainsi, ils créent Darioritum (Vannes) pour les Vénètes, Condate (Rennes) pour les Riedones, ou encore Condevicnum (Nantes) pour les Namnètes.

L’Armorique devient Bretagne

A partir du IVe s. ap.J.-C., la partie de l’Armorique qui correspond à la péninsule bretonne reçoit de nombreux immigrés bretons, qui fuient les invasions anglo-saxonnes que connaît leur île. Il semble qu’à cette époque, la plupart des Armoricains étaient encore païens, à l’inverse des Bretons qui étaient presque tous chrétiens.

Ce furent sans doute les moines bretons qui prirent en charge l’évangélisation de l’Armorique péninsulaire. Devant l’importance de la présence bretonne, on prit l’habitude d’appeler « Bretagne » cette partie de l’Armorique, et « Bretons » ses habitants.

La Bretagne de Nominoë

Dès la fin de l’Antiquité, la Bretagne armoricaine doit résister aux tentatives de conquêtes franques. En 510, le roi Clovis trouve un accommodement avec les rois bretons, qui acceptent de renoncer à leur titre pour prendre celui de « duc » en échange d’une reconnaissance par les Francs de leur indépendance. Le conflit, cependant, perdure, l’Armorique faisant toujours l’objet des convoitises franques.

En 831, l’empereur Louis le Pieux nomme un Breton, Nominoë, pour gouverner la Bretagne. Nominoë est considéré comme l’artisan de la « nation Bretagne », de son unification et de son indépendance.

En 844, Nominoë se révolte contre le successeur de Louis le Pieux, Charles le Chauve, qui tente de mettre la main sur la Bretagne. Le roi de France est battu par Nominoë qui affirme son autorité en déposant les évêques bretons fidèles à Charles le Chauve. Nominoë meurt en 851; son fils, Erispoë, parvient à un accord avec le roi de France, dont il devient le vassal en échange de la reconnaissance de son titre de « roi des Bretons ».

La Bretagne dans la guerre de Cent Ans

Le règne de Jean III, duc de Bretagne de 1312 à 1341, se déroule sans heurt: le duc est fidèle au roi de France et le duché connaît paix et stabilité. Tout commence à se gâter à la mort de Jean III, en 1341, qui n’a pas d’héritier.

Deux candidats revendiquent alors la succession: Jean de Montfort, demi-frère de Jean III, et Jeanne de Penthièvre, nièce de ce dernier. Le roi de France Philippe VI de Valois soutient Jeanne de Penthièvre, qui a épousé son neveu, tandis qu’Edouard III, roi d’Angleterre, appuie Jean de Montfort. Or, depuis 1337, la France est en plein conflit avec l’Angleterre. Les deux belligérants comptent donc utiliser la situation bretonne pour améliorer leurs positions respectives. La Bretagne est elle même divisée dans cette guerre de succession: le nord et l’ouest celtiques sont favorables à Jean de Montfort, tandis que le sud et l’ouest francisants sont plus du côté de Jeanne de Penthièvre et du roi de France.

C’est ainsi que la Bretagne devient un champ de bataille de la guerre de Cent Ans. La guerre de succession bretonne se termine en 1364 par la victoire de Jean de Montfort, qui devient Jean IV.

François II et Anne de Bretagne

Le duc François II (1458-1488) choisit Nantes comme capitale du duché et y rebâtit le château à partir de 1466, afin d’en faire sa résidence. Le règne de François II est marqué par son conflit constant avec la France de Louis XI, ce dernier continuant de considérer le duc de Bretagne comme son vassal.

En 1481, François II signe un traité d’alliance avec Maximilien d’Autriche puis avec Edouard IV d’Angleterre, l’objectif étant d’encercler le royaume de France. Après sa victoire sur François II à Saint-Aubin-du-Cormier en 1488, le roi de France décide que le duc ne pourrait marier sa fille Anne, héritière du duché, sans l’accord royal.

En 1491, la duchesse Anne épouse le roi de France Charles VIII, puis, à la mort de ce dernier, se remarie avec son héritier Louis XII (1499). C’est par ce double mariage que la Bretagne perd officiellement son indépendance pour devenir définitivement française, en 1532.

La conspiration de Pontcallec

De 1718 à 1720, quelques nobles bretons, à la tête desquels se trouvait le marquis de Pontcallec, préparaient une révolte contre le régent de France, Philippe d’Orléans. Cette rébellion trouve son origine dans la pression fiscale qui s’abattait sur la Bretagne après la mort de Louis XIV, en 1715: le Parlement de Bretagne refuse de lever les impôts réclamés par le maréchal de Montesquiou. La révolte dépasse rapidement les limites de la Bretagne car elle reçoit le soutien de l’Espagne, qui voudrait voir tomber la Régence au profit de la monarchie espagnole.

Pontcallec est finalement trahi et condamné à mort avec trois de ses compagnons. Ils sont décapités sur la place du Bouffay, à Nantes, le 26 mars 1720.

La chouannerie bretonne

Pendant la Révolution française, la défense de la cause royaliste a été très importante en Bretagne et s’est incarnée particulièrement en deux chefs charismatiques, le marquis de la Rouërie et Georges Cadoudal. La Rouërie est le fondateur de l’Association bretonne, qui avait pour but de lutter contre l’avancée du républicanisme, et qui rassemblait un grand nombre d’aristocrates bretons, parmi lesquels Tinténiac et La Trémoïlle. Cadoudal, originaire d’Auray, rejoint la Grande Armée catholique et royale en 1793 et organise plusieurs complots contre Napoléon Bonaparte, jusqu’à son arrestation et son exécution en 1804.

En 1795 eut lieu la bataille de Quiberon, qui faisait suite à une expédition ayant initialement pour but de soutenir la chouannerie et de mettre un terme à la Révolution française. Cette bataille des royalistes contre les républicains fut une victoire pour ces derniers et les chouans furent contraints de capituler.

L’identité bretonne

En 1923, la Bretagne se dote d’un drapeau, inspiré des emblèmes bretons pluriséculaires tels que l’hermine et le blanc et le noir. C’est Morvan Marchal, militant régionaliste breton, qui en est le concepteur. Les neuf bandes horizontales représentent les neuf évêchés historiques bretons: cinq bandes noires pour ceux de la Haute-Bretagne gallo et quatre bandes blanches pour les évêchés de la Basse-Bretagne bretonnante. Quant aux hermines, elles sont au nombre de onze, même si, à l’origine, celles qui se trouvaient sur les rebords du drapeau était coupées afin de démontrer leur caractère indénombrable.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’identité bretonne subit un revers important: par un décret du 30 juin 1941 pris par le maréchal Pétain, la Loire-Inférieure (actuelle Loire-Atlantique) est détachée de la Bretagne. Nantes, cité des Ducs de Bretagne, fait désormais partie des Pays-de-Loire, et son rattachement à la Bretagne fait encore aujourd’hui l’objet de revendications.