Avec quelques 60 000 gravures et inscriptions vieilles de six mille ans, les parois rocheuses du site de Chilas, le long des rives de l’Indus, au nord du Pakistan, constituent une immense galerie d’art à ciel ouvert.Voie de liaison la plus rapide entre l’Asie centrale et l’Inde, l’Indus était fréquenté bien avant notre ère par des marchands et des guerriers, mais aussi par des pèlerins et des missionnaires bouddhistes. Les parois rocheuses qui le bordent dans certaines parties de la vallée semblent avoir été pour ces voyageurs une sorte de livre d’or chargé de recueillir la trace de leur passage. Les gravures rupestres et les inscriptions que l’on peut toujours voir dans la pierre, six mille ans plus tard, représentent les figures et les scènes les plus diverses. Une grande partie de ces pétroglyphes fait le récit des vies antérieures du Bouddha et témoigne de la propagation du bouddhisme dans la vallée de l’Indus. Une équipe de chercheurs de l’université de Heidelberg explore ce trésor depuis une vingtaine d’années. Mais depuis que le gouvernement pakistanais a annoncé son projet de construire un immense barrage sur le cours supérieur de l’Indus, les travaux ont pris l’allure d’une course contre la montre.