Résidant en France, une psychothérapeute rwandaise engagée dans la reconstruction de son pays y revient cette fois pour apprendre à jouer de l’inanga, la cithare traditionnelle. Un périple émouvant à travers un Rwanda redevenu festif, à la rencontre de son identité culturelle.

Amélie Mutarabayire Schafer a grandi entre les bananiers et les eucalyptus, sur la colline de Rutonde, dans l’est du Rwanda. Établie en France avec son mari, elle venait de quitter son pays natal au moment où le génocide a éclaté en 1994, emportant toute sa famille. Suite à cette tragédie, elle décida de devenir psychothérapeute, spécialiste des troubles post-traumatiques. Amélie a ainsi pu participer activement à la reconstruction du « pays des mille collines », où elle retourne une à deux fois par an. Mais aujourd’hui, pour la première fois en vingt-cinq ans, elle s’accorde le droit d’y revenir « pour elle », afin d’achever, peut-être, sa propre reconstruction. Son but : apprendre à jouer de l’inanga, la cithare traditionnelle. Cette quête l’emmène aux quatre coins du Rwanda, où elle rencontre des musiciens, chercheurs et artisans qui font vivre les traditions du pays. Elle retrouve les veillées festives de son enfance, danse au rythme des « intores », les danseurs-guerriers, tente de percer les secrets des tambours du Nord, trinque à la bière de sorgho avec les joueurs de cithare de Kinigi ou s’immerge dans les concerts cosmopolites de Kigali.

Élan festif 
« Quand on joue de l’inanga dans un palais ou une maison, les lieux sont protégés », raconte un fabricant d’instruments en bois. Renouer avec l’héritage culturel du Rwanda, c’est l’objectif que s’est fixé Amélie Mutarabayire Schafer pour son émouvant périple, dont elle consigne les étapes dans un carnet dédié à la mémoire de sa sœur tuée par les Hutu extrêmistes. Longtemps stigmatisé, son pays natal fait aujourd’hui figure de modèle pour sa reconstruction et sa réussite économique. Derrière l’horizon éternellement vallonné résonnent de nouveau les chants, les danses et les poèmes d’un peuple qui retisse le fil de son histoire. Cet élan joyeux et festif qui a réinvesti le pays depuis quelques années contribue à donner corps à une nouvelle identité rwandaise, dont les traditions ont été piétinées par la colonisation et le génocide.

Documentaire de Chloé Henry-Biabaud (France, 2021, 53mn)
Disponible jusqu’au 03/07/2023