Le verre de Murano, petite île italienne à deux pas de Venise, est mondialement connu et largement apprécié. Les œuvres que les maîtres verriers italiens produisent depuis des siècles sont réputées pour leurs styles et leurs créativités. N’hésitant pas à mélanger le verre et la matière (de l’argent, de la porcelaine, de l’or,…), les créations sont recherchées dans le monde entier. Mais attention, pas de plomb ici, car cela deviendrait du cristal et nous parlons bien de verre ! Le verre de Murano ne comprend dans sa composition que du sable, du sodium et de l’arsenic.

Un savoir-faire qui remonte loin dans le passé

C’est au 13ème siècle que les verriers se sont installés sur l’île de Murano, située à environ un kilomètre au nord de Venise. Ils ont été déplacés par sécurité depuis le centre de la ville car il faut savoir qu’à l’époque, beaucoup de constructions (les maisons, les ponts,…) étaient en bois et les autorités craignaient fortement les incendies que risquaient de provoquer les fours nécessaires au travail du verre. La renommée des verriers de Murano grandit au fil du temps, à tel point que vers le milieu du 14ème siècle ceux-ci accèdent à un statut particulier et ils deviennent des personnages importants et très influents de la République de Venise (Venise était à l’époque bien sûr une ville, mais aussi une thalassocratie indépendante). Signe d’une reconnaissance indéniable, le prestige de leur savoir-faire leur confèrent un statut social supérieur. Toutefois, le revers de la médaille est difficile : leur reconnaissance entraîne la perte de leur liberté de circuler. En effet, ils n’avaient pas le droit de quitter la cité lacustre… Cela dit, certains d’entre eux prirent le risque et finirent par s’installer en Espagne, en Angleterre et dans toute l’Europe, tentant d’exporter avec eux leur savoir-faire si particulier. Malgré cela, les verriers de Murano ont toujours réussi à conserver farouchement la maîtrise de leur art et, même à l’heure d’aujourd’hui, ils continuent de perpétuer la tradition de l’artisanat en utilisant les mêmes techniques qu’utilisaient leurs pères jadis.
Des artistes créatifs et novateurs, une tradition séculaire
L’éclosion du verre de Murano est en grande partie due à quelques grands noms extrêmement créatifs. Le nom qui vient tout de suite à l’esprit, c’est Barovier. Installée depuis le 13ème siècle, c’est la plus ancienne famille de verriers. C’est Angelo Barovier qui, au 15ème siècle, a véritablement donné ses lettres de noblesse et sa réputation à l’entreprise ainsi qu’à la production de Murano en général. L’entreprise, toujours en activité, est connue comme étant la 5ème plus ancienne entreprise au monde ! On peut citer aussi des noms tel que Seguso, entreprise créée également très tôt en plein moyen-âge (en 1397), et historiquement plus proche de nous des noms comme Salviati, Martinuzzi ou Venini, qui ont fondés leur propre verrerie dans le courant des 19ème et 20ème siècle. Ce n’est pas que par leurs talents artistiques que les maîtres verrier de Murano rayonnent à travers le monde, mais aussi par leur talent d’innovation. Outre l’invention de plusieurs techniques dites « matérielles », ce sont eux qui ont inventé par exemple le filigrane et… les lunettes de soleil ! En effet, au 17ème siècle, ils ont eu l’idée de fumer les verres correcteurs pour réaliser un accessoire de mode très tendance chez les aristocrates de l’époque.

Comment distinguer un vrai verre de Murano ?

Comme beaucoup d’œuvres d’art, le verre de Murano est malheureusement souvent copié, mais heureusement jamais égalé! Comment faire la différence entre un vrai et un faux ? Voici un guide pour authentifier un verre de Murano. On reconnaît le verre de Murano au toucher, parce que la composition du verre n’est pas la même qu’ailleurs. De plus, contrairement à la production industrielle qui recopie les objets à l’identique, l’artisan va volontairement – ou involontairement – laisser de légères différences, qui donnent à chaque objet toute sa singularité. Un arrondi qui ne va pas être identique, une épaisseur de verre un peu différente, il y aura des petites bulles d’air, tout ça fait partie de la marque de fabrique de l’artisanat, tout ça prouve que l’objet d’art est passé dans les mains d’un créateur. Des petites modifications, mais pas de défauts ! Un verrier de Murano ne vendra jamais une œuvre présentant des défauts. De plus, le véritable objet comportera souvent la signature du maître qui l’a réalisée. Cela dit, certaines contrefaçons présentent aussi des fausses signatures. Il faut rester vigilant. Une autre preuve de l’authenticité d’un verre de Murano, c’est le certificat « Made in Murano » (pas « Made in Itay » ou « Made in Venise ») qui vous est normalement fourni à l’achat. La dernière solution, c’est de contacter le Museo Del Vetro. En effet, créé en 1861 par l’abbé Vincenzo Zanetti, il saura vous orienter sur l’authenticité ou non d’un verre de Murano. Au final, pourquoi acheter un authentique plutôt qu’une copie ? Parce qu’on peut copier la technique et le matériel, mais pas la créativité de l’artiste. Une œuvre authentique est précurseuse, une copie ne sera toujours qu’une pâle imitation.