Quand Stiller rencontre Garbo, il a déjà derrière lui une quarantaine de films. L’homme est ambitieux. Il rêve de poursuivre une carrière internationale, d’être reconnu en dehors de son pays d’adoption, la Suède. Il a pour idéal une femme qui sera selon ses dires  » super sensuelle, spirituelle et mystique « . Aussi quand il rencontre Garbo, il s’emporte:  » Si vous souhaitez un rôle, perdez dix kilos!  » Pourtant, Stiller voit là l’occasion de jouer les bons génies en faisant  » sortir le papillon de la crysalide « . Il se ravise:  » Avez-vous bien observé son visage? -lance-t-il à ses collaborateurs- Il n’aura pas d’égal en ce siècle!  » Garbo n’a pas vingt ans. Elle s’appelle encore Greta Gustafson. Elle suit à la lettre les conseils de son mentor qui commence par lui trouver un nom. Beaucoup de légendes courent sur la façon dont Greta Gustafson est devenue Garbo. L’une d’elles raconte que Stiller se mettant à parler tout haut aurait énuméré successivement:  » Gabor… Gabro « , puis, victoirieux, il aurait lancé  » Garbo « ! Comme si ce nom symbolisait à lui seul cet idéal féminin qu’il avait tant cherché. Stiller continue son travail, il choisit les plus belles robes pour son modèle, lui fait apprendre ses textes sur le bout des doigt, dirige les éclairages et donne des conseils aux maquilleurs L’année suivante, Garbo fort de son succès tourne La Rue Sans Joie avec Pabst. Un documentaire de Laurent Préyale, narration d’Elisabeth Quin, MC4 production