La trajectoire fulgurante d’une actrice douée, ex-enfant vedette surexposée, qui a grandi dans la matrice hollywoodienne et a tenté de la faire évoluer de l’intérieur. Élevée non loin de Hollywood, Jodie Foster tourne sa première pub à 3 ans. Sa bouille ronde séduisant le public, elle devient l’égérie des fictions américaines bon enfant, puis de Disney. Attachée de presse dans le cinéma, sa mère pousse ses enfants à passer des castings, mais elle voue aussi un culte à la Nouvelle Vague et milite pour les droits des minorités. Sous son influence avisée et celle des cinéastes du Nouvel Hollywood, Jodie négocie habilement le virage de l’adolescence, généralement fatal aux enfants vedettes. Trois films la propulsent loin des sitcoms : Taxi Driver de Martin Scorsese, Palme d’or à Cannes en 1976, Bugsy Malone d’Alan Parker et La petite fille au bout du chemin de Nicolas Gessner. La jeune actrice accède ainsi à une renommée internationale, mais aussi au fardeau d’une image précocement sexualisée. Aspirant à la normalité, cette ancienne élève du lycée français de Los Angeles, qu’on voit au fil des archives progresser jusqu’à la perfection dans la langue de Molière, réussit l’entrée à la prestigieuse université de Yale. Mais alors qu’elle fuit la lumière, sa route croise celle d’un jeune homme désaxé qui, lui, veut sortir de l’ombre. Le 30 mars 1981, John Hinckley Jr. tire sur le président Reagan. Arrêté, il confie son obsession pour l’héroïne de Taxi Driver. Placée sous la protection du FBI, Jodie Foster sort meurtrie de cette affaire. Quelques années plus tard, elle accepte un rôle étrangement réparateur, qui lui vaudra son premier Oscar. Dans Les accusés, elle interprète une jeune femme victime d’un viol collectif qui se bat pour faire condamner ses agresseurs. 
Prise de pouvoir. Malgré quelques concessions hollywoodiennes, Jodie Foster incarnera souvent des bagarreuses, qui, seules contre tous, luttent et prennent le pouvoir, de la frêle Clarice du Silence des agneaux à la scientifique visionnaire de Contact, en passant par la justicière d’À vif. Chemin faisant, la star a ouvert les portes du film d’action, de la réalisation et de la production aux femmes. Marquée par une enfance surexposée, elle se braque contre l’exigence de transparence actuelle et protège sa vie privée, refusant longtemps de faire son coming out, ce qui lui a été beaucoup reproché. Ponctué d’extraits de films et d’archives, ce documentaire est traversé par la vitalité d’une actrice intelligente, bosseuse et paradoxale, qui a grandi avec Hollywood, en connaît les rouages et s’est protégée de la société du spectacle sans la quitter, en tentant de la faire évoluer de l’intérieur. Documentaire de Camille Juza disponible jusqu’au 12/08/2021