Il transforme la probabilité en chance, le hasard en destinée, la raison en passion. Le jeu a toujours occupé une place sociale particulière. Il sent le souffre autant qu’il inspire le fantasme. Lessiveuse privilégiée du crime organisée depuis ses origines pour blanchir ses recettes, l’emprise des mafias sur cette industrie ne s’est jamais démentie jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi l’Etat français a toujours entendu strictement réglementer cette activité et prélever sa dîme, pour le confier à un nombre limité d’opérateurs : la Française des Jeux, le PMU et les casinos. Mais l’avènement du jeu en ligne a changé la donne, et ce quasi-monopole est désormais contesté par l’Europe, au nom des règles de libre-échange de l’Union. Nouvel enjeu de la globalisation, Marx aurait pu voir dans le jeu d’aujourd’hui un autre opium du peuple, en même temps qu’une métaphore du capitalisme contemporain et de son économie-casino…