Avec Jean-Claude Carrière pour guide, un vertigineux voyage à travers l’oeuvre et la vie du peintre Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), de l’espoir des Lumières aux ténèbres, de l’ancien monde à la modernité. Comment Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), observateur joyeux de la vie populaire et portraitiste de cour adulé, est-il devenu le peintre visionnaire du mystère et des gouffres humains, aux avant-postes de la modernité ? À trente ans de distance, deux toiles représentant les fêtes de la Saint-Isidore, saint patron de Madrid, symbolisent la vertigineuse évolution de l’artiste. « Entre l’ancien monde et le nouveau, au croisement des temps… », résume l’écrivain Jean-Claude Carrière à l’orée de ce fascinant voyage dans la vie et l’œuvre du maître espagnol. En 1788, Goya voit dans La prairie de Saint-Isidore un panorama lumineux et fourmillant de vie ; exposée aujourd’hui au Prado, dans la salle consacrée aux peintures noires qu’il a exécutées aux alentours de 1820 sur les murs mêmes de sa maison, La procession à l’ermitage Saint-Isidore, menée par des masques grotesques, serpente au milieu d’un paysage envahi de ténèbres. Entre-temps, les Lumières que chérit Goya ont engendré des monstres : 1789 a accouché de la Terreur, la grande armée de Napoléon a ravagé l’Espagne et l’absolutisme de Ferdinand VII a succédé à la monarchie éclairée de son père Charles IV. Celui qui reste « peintre de la Chambre du roi » a aussi été intimement éprouvé : sept de ses enfants sont morts en bas âge – seul l’un d’eux, Javier, lui survivra – et à la suite d’une maladie foudroyante, il a totalement perdu l’ouïe. Témoin toujours curieux de son temps, il s’est détourné de la commande pour plonger en lui-même toujours plus profondément et réinventer son art. Entre les lieux de sa vie et la contemplation de son œuvre foisonnante, José Luis López-Linares (Le mystère Jérôme Bosch) et Jean-Claude Carrière nous invitent à cheminer en compagnie d’un génie intensément humain. Documentaire de José Luis López-Linares