Elisabeth Kübler-Ross a consacré sa vie à la mort et aux mourants, ce qui lui a valu une renommée mondiale. Avec son approche humaine et terre à terre, elle a beaucoup fait pour déstigmatiser la mort et améliorer le traitement des patients en phase terminale de tous âges. Elle a mené une vie hors du commun, à commencer par sa naissance en Suisse en 1926 en tant que triplée de 1 kilo. Elle a fait des études de médecine contre la volonté de ses parents et a dû se battre pour être reconnue en tant que femme médecin et psychiatre aux États-Unis. Son livre fondateur, « On Death and Dying », lui a apporté une renommée internationale. Ce portrait intime a été filmé en 2002, alors qu’elle vivait recluse dans le désert, dans l’attente – comme elle le dit – de sa propre mort.

Dans nos sociétés contemporaines, la mort reste un tabou qu’on n’ose faire face, tant elle pose des interrogations et nous confronte à l’inconnu et à l’incertitude. Comme l’affirmait Nobert Elias, la mort en Occident fait l’objet d’un refoulement social, elle a été largement invisilisée. la propre mortalité de l’humain fait encore peur, ceci d’ailleurs explique l’émergence du transhumanisme et cette volonté de prolongé la vie humaine jusqu’à ses limites. Et pourtant, dans les années 60, est sortie un livre aux Etats-Unis qui a cherché à changer les mentalités sur la mort et les mourants. Ce livre, « On death and dying », fut écrit par une médecin suisse Elisabeth Kübler-Ross et recontra un succès planétaire avec plus d’un million de copies vendues et fut traduit en 26 langues.

A travers les témoignages de sa famille et de connaissances, ce documentaire brosse le portrait de cette grande pionnière sur la question de la fin de vie que fut Elisabeth Kübler-Ross, tout en abordant les controverses qui entourèrent sa pensée vers la fin de sa vie. Elle qui se réclame de Jung et de Ghandi a brisé un véritable tabou en remettant en question le rapport de l’homme avec la mort.

Très tôt, celle-ci est confrontée à la mort, ce qui aura une grande influence sur son parcours et sa pensée. Elle étudie la médecine à l’université contre la volonté de son père et y rencontre son futur mari un américain lui aussi médecin. Rapidement, elle s’oriente vers le suivi psychologique des mourants et cotoie la mort et les mourants quotidiennement. Elle prend vite conscience de l’importance de mourir dans la dignité en accompagnant les mourants dans leurs derniers instants. Elle décrit dans son livre « Sur la mort et sur mourir » les cinq stades par lesquels passent le mourant : le déni, la colère, le marchandage, la dépression puis l’acceptation.

Ses idées engendrent une véritable controverse, car elles soulevent des problématiques à la fois médicales et théologiques. Malgré les critiques, elle continue sa lutte pour les droits des mourants. Elle se défendait de ne pas rechercher pas l’exactitude et la rigueur scientifique, mais la sympathie humaine et la compréhension émotionnelle des processus autour de la mort. Kübler-Ross est alors devenue l’experte en thanatologie.

Toutefois dans les années 70, la pensée d’Elisabeth Kübler-Ross prend un nouveau tournant après avoir fait l’expérience de mort imminente. Teintée de New Age et d’ésotérisme, alors à la mode dans ces années de contre-culture en Californie, sa pensée pose de sérieuses controverses. S’éloignant du monde cartésien, elle avança l’idée d’une vie après la mort. Le centre ferma suite à des accusations de charlatanisme. Elisabeth Kübler-Ross ouvra cependant un second centre en Virginie où elle y accueilla alors en pleine épidémie du VIH, des patients atteints du sida. Mais l’expérience fut de nouveau un échec. Elle finit isolée dans le désert d’Arizona dans un état végétatif, elle qui a cherchée à détabouïser la mort, attenda la sienne.

Titre original : Facing Death
Un film de Stefan Haupt