En 2010, la Côte d’Ivoire se déchire entre les partisans d’Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle, et ceux du président sortant, Laurent Gbagbo. De brutaux affrontements éclatent à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, et dans d’autres villes du pays. Ils causent la mort de plus de trois mille personnes dans les deux camps. Un million de personnes sont déplacées internes. Soutenu par l’ONU dont le Conseil de Sécurité demande des sanctions contre Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara est finalement investi en avril 2011 au terme d’une crise électorale qui aura duré près de six mois. Son arrivée est saluée par la communauté internationale. Le nouveau président Ouattara promet d’inaugurer une nouvelle ère de prospérité économique et de stabilité sociale et politique, pour redonner à la Côte d’Ivoire sa place de leader en Afrique de l’Ouest. Mais la réalité est plus complexe. Si les succès économiques sont bien au rendez-vous – le taux de croissance du pays approche 10% en 2015, et la violence a diminué, les rivalités politiques et ethniques sont quant à elle de plus en plus palpables. En octobre 2016, l’opposition descend dans la rue pour boycotter le vote par referendum d’une nouvelle constitution proposée par le gouvernement Ouattara. En janvier 2017, la mutinerie de militaires ivoiriens déclenche d’autres mouvements de grèves dans d’autres secteurs de la vie publique. Le pays est sous pression. L’ancien président Laurent Gbagbo peut toujours compter sur le soutien de nombreux partisans en Côte d’Ivoire mais, arrêté en 2011, il est jugé pour crimes contre l’humanité qui auraient été commis lors de la crise électorale de 2010-2011. A Abidjan, ses alliés, dont son épouse, Simone Gbagbo, font aussi face à la justice, mais côté Ouattara, il n’y a pour l’instant pas eu de procès. La journaliste Victoria Baux s’est rendue à l’ouest de la Côte d’Ivoire, une région qui peine à se relever de nombreuses années de lutte intercommunautaires. Dans la ville de Duékoué, les ethnies qui cohabitent s’échangent les rôles de bourreaux et de victimes à chaque nouveau président. Nous avons cherché à savoir pourquoi le gouvernement ne parvient pas à tenir sa promesse de rendre une justice impartiale aux victimes des différents bords de la crise électorale de 2011. Nous avons enquêté sur l’attaque du camp de réfugiés de Nahibly qui s’est produite plus d’un an après la prise de fonction d’Alassane Ouattara. Cet évènement se serait déroulé sous les yeux d’éléments de l’armée ivoirienne et de casques bleus de l’ONU sans déclencher d’intervention. Le pays peut-il se réconcilier?