Entre insouciance californienne et idées noires, une incursion dans la psyché tourmentée de Brian Wilson, le génial frère aîné qui inventa le son raffiné des Beach Boys.

Enfants, Brian, Dennis et Carl Wilson avaient l’habitude de chanter ensemble. Les trois frères fondaient leurs voix en de symbiotiques harmonies, qui feront plus tard leur succès au sein des Beach Boys. Mu par cette créativité fraternelle, ce jeune groupe californien devient célèbre en 1963. Dennis suggère de chanter les joies du surf tandis que Carl transmet sa passion pour Chuck Berry. Le groupe s’appuie aussi sur les talents du cousin Mike Love et de l’ami Al Jardine. Mais c’est Brian, plutôt porté sur Gershwin et les Fresh Men, qui s’imposera comme l’architecte du son des Beach Boys, ce subtil mélange de rock et de bonne humeur californienne, avec un fond de spiritualité et de spleen. Dès le départ, l’aîné des Wilson compose, arrange, chante, produit. Fin 1964, en pleine tournée, il craque – premier signal d’alerte -, et déclare forfait, préférant se consacrer à la composition des morceaux en studio. Découvrant la scène musicale foisonnante de Los Angeles, où s’ébattent Frank Zappa, The Doors ou The Byrds, il engage aussi une compétition amicale avec les Beatles, et aspire à égaler leurs exploits musicaux. Cela donnera un somptueux album, Pet Sounds, où, pour la première fois, il cisèle ses trouvailles sonores en faisant appel à des musiciens de studio. Mais l’opus suivant, Smile, tourne à la déroute : le jeune homme se perd dans ce gouffre expérimental et jette l’éponge, rattrapé par ses idées noires.

Chute et renaissance

Cette incursion dans la psyché de Brian Wilson, génie surinvesti, retrace une vie où création musicale et intimité se confondent, et tente d’expliquer les raisons de ce naufrage à travers le trauma laissé par un père violent et un usage pernicieux du LSD pour ce créateur fragile, qui finira par s’éloigner de sa fratrie. Écrit et Un documentaire réalisé par le journaliste rock Christophe Conte, ce documentaire s’appuie sur de nombreuses archives, notamment d’interviews récentes de Brian Wilson, où il apparaît toujours lunaire mais requinqué – il a repris le chemin de la scène à la fin des années 1990. Le film recueille aussi les témoignages de ses proches et admirateurs (les guitaristes David Marks et Al Jardine, l’organiste Don Randi, l’ex-épouse de Brian, Marilyn Wilson-Rutherford, le journaliste Michka Assayas…).

Documentaire de Christophe Conte (France, 2023, 52mn)

Disponible jusqu’au 18/11/2023