À jamais associé à une exquise espièglerie, le sourire d’Audrey Hepburn était teinté de mélancolie. Ce portrait lève le voile sur les fêlures de l’actrice, qui ont façonné son style incomparable. Assise dans un fauteuil, une jeune femme évoque la Seconde Guerre mondiale et ses activités (spectacles de danse destinés à collecter des fonds, transmission de messages) au profit de la Résistance néerlandaise. « Et les Allemands, comment ont-ils réagi ? », la questionne son interlocuteur invisible. Un irrésistible sourire éclaire soudain ses traits délicats : « Ils n’en savaient rien. » Dans ce bout d’essai pour Vacances romaines (1953), l’escapade romantique de William Wyler qui l’a révélée, transparaît déjà l’alliage sophistiqué de joie et de gravité qui fera de l’actrice une icône. Née en 1929 à Bruxelles, de la rencontre, à Java, entre une baronne hollandaise et un employé de banque britannique, Audrey Hepburn est abandonnée par son père à l’âge de 6 ans. Dans le pensionnat anglais où elle est envoyée, la petite fille se réfugie dans la danse classique, école de la grâce et de la discipline qui marqueront toute son existence. Au sortir de la guerre, elle voit sa carrière décoller sous le patronage de Colette : en 1951, l’écrivaine française choisit ce « trésor trouvé sur la plage » de Monte-Carlo pour incarner sa Gigi à Broadway. Dès lors, les propositions se bousculent. De Sabrina (1954), conte de fées de Billy Wilder, à My Fair Lady (1964), éblouissant classique de la comédie musicale, en passant par l’immortel Diamants sur canapé (1961) de Blake Edwards, Audrey Hepburn impose sa pétillante frimousse et sa silhouette gracile, soulignée par les créations de Givenchy, au panthéon du septième art. Elle délaisse pourtant le cinéma à la fin des années 1960 pour s’occuper de sa famille, avant de décrocher le rôle auquel elle dit avoir « postulé toute [sa] vie » : ambassadrice de l’Unicef. Faisant défiler photos sublimes, réjouissants extraits de films et archives éclairantes (dont des interviews en français de l’actrice), ce portrait revisite par petites touches la trajectoire d’Audrey Hepburn pour tenter de percer le mystère de son charme inégalé, entre élégance, légèreté et mélancolie. Documentaire d’Emmanuelle Frane, disponible jusqu’au 05 octobre 2020.