Si l’importance des humanités numériques pour la recherche ne semble plus faire débat aujourd’hui, les tensions et les difficultés entre, d’une part, les humanités et, de l’autre, les outils informatiques sont loin d’être résolues. Le traitement numérique des objets d’étude — qu’il s’agisse d’un seul livre ou d’une archive de milliers de documents — a longtemps impliqué de les plier et de les réduire à un modèle donné nécessairement simplificateur. Comme le souligne Johanna Drucker, pareille opération apparaît a priori en contradiction avec la traduction interprétative des humanités, pour lesquelles cette simplification tend à nier la complexité, la polysémie et les différentes facettes de l’objet original.