Richard Virenque est une idole. Même s’il a menti. S’il a triché. S’il s’est dopé, s’il a nié et s’il s’est enfermé dans son mensonge. Il a été raillé et moqué. Il a finalement avoué. Il a traversé le désert de l’exclusion et a disparu un temps du peloton. Il n’a jamais gagné le Tour de France et ne le gagnera jamais. Pourtant, Richard Virenque reste le chéri de ces dames et le héros de ces messieurs. Pourquoi ? Pourquoi les gens ne voient-ils que lui quand ils regardent passer le peloton ? Pourquoi des millions de Français espèrent-ils devant leur poste de télé que le coureur au physique d’éternel adolescent s’arrache de la masse des coureurs et qu’il finisse par pointer son doigt victorieux vers le ciel ? Qu’est-ce que nous apprend cette popularité sur nous-même ? Qu’a-t-on tant besoin d’admirer chez lui, et qu’on ne peut trouver chez les autres ? Car Richard Virenque est à mille lieux du terne Indurain ou du mal-aimé Armstrong. Il n’est pas non plus un Hinault, intraitable patron du peloton respecté pour sa force et ses victoires. Il n’est pas non plus un Poulidor, éternel sous-chef d’une France rurale désormais lointaine, ni un Jalabert, cycliste trop solide peut-être pour devenir une icône.\r\nRichard Virenque est lui, à la fois fragile et courageux. Il n’a pas de panache, il est le panache. Son palmarès est sans rapport avec sa popularité. Peu importe. Il est émouvant, naïf et épique.