
De nombreux produits électroniques utilisés quotidiennement contiennent souvent une variété de minéraux métalliques critiques. Cependant, ces matières premières peuvent cacher une problématique d’envergure mondiale : proviennent-elles de régions à risque de conflits armés et de violations des droits de l’homme ?
Ces pratiques d’« approvisionnement controversé » impliquant des « minerais de conflit » sont devenues un critère essentiel pour évaluer la durabilité et l’éthique commerciale des entreprises.
Que sont les minerais de conflit ?
Les minerais de conflit (Conflict Minerals) désignent les minéraux extraits dans des zones à haut risque, en particulier celles touchées par des conflits armés fréquents et des violations graves des droits de l’homme.
Ils comprennent principalement le tungstène (Tungsten), l’étain (Tin), le tantale (Tantalum), l’or (Gold), ainsi que le cobalt (Cobalt) et le mica (Mica), ajoutés ultérieurement à la réglementation.
L’extraction et le commerce de ces minerais sont souvent liés à des violences, à l’exploitation des ressources et à des flux financiers illégaux, notamment dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo (RDC).
Les activités minières y sont contrôlées depuis longtemps par l’armée gouvernementale et divers groupes rebelles armés, tels que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ces groupes tirent d’énormes profits de ces mines pour financer leurs opérations militaires, aggravant l’instabilité régionale.
La chaîne d’approvisionnement des minerais de conflit implique des réseaux transnationaux complexes. Les minerais de l’est du Congo passent par de multiples intermédiaires avant d’être souvent smuggled vers des pays voisins comme l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, puis intégrés dans le marché mondial pour devenir des composants clés de smartphones, ordinateurs portables, etc.
Face à l’exploitation illégale alimentant les conflits, la communauté internationale a renforcé sa réglementation. Par exemple, la loi américaine sur les minerais de conflit oblige les entreprises à retracer leur chaîne d’approvisionnement pour garantir que leurs minerais ne proviennent pas de la RDC et de neuf pays voisins, visant à limiter leur circulation.
Ces pays incluent l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, l’Ouganda, le Soudan, la Tanzanie, le Rwanda et la Zambie.
Quels minerais sont concernés ?
Les minerais de conflit reconnus internationalement incluent quatre métaux critiques, désignés par leur initiale anglaise sous le terme « 3TG » :
- Tungstène (Tungsten, W) : Principalement utilisé pour les alliages durs, les outils de coupe, les munitions perforantes et les composants vibrants des appareils électroniques. En RDC, il est souvent extrait sous forme de wolframite, avec des chaînes d’approvisionnement liées à des groupes armés illégaux.
- Étain (Tin, Sn) : Utilisé dans les soudures électroniques, les emballages alimentaires (boîtes en fer-blanc) et l’industrie chimique. En RDC, il est généralement extrait sous forme de cassitérite, exploitée par des groupes armés pour se financer.
- Tantale (Tantalum, Ta) : Présent dans presque tous les appareils électroniques, notamment dans les condensateurs au tantale des smartphones et ordinateurs. Son minerai principal, le coltan, est largement extrait en RDC, souvent avec du travail forcé et des enfants.
- Or (Gold, Au) : Utilisé en joaillerie, investissement, mais aussi dans les revêtements conducteurs électroniques. Les mines illégales en RDC sont souvent contrôlées par des groupes armés, l’or étant ensuite smuggled sur le marché international.
Avec le renforcement des contrôles, d’autres minerais ont été ajoutés :
- Cobalt (Cobalt, Co) : Essentiel pour les batteries lithium-ion (véhicules électriques, smartphones). La RDC fournit ~70 % du cobalt mondial, mais certaines mines emploient des enfants dans des conditions dangereuses.
- Mica (Mica) : Utilisé en cosmétiques (pigments nacrés), peintures et isolation électronique. Principaux producteurs : Inde et Madagascar, mais certaines chaînes impliquent une exploitation illégale.
Quels secteurs sont impactés ?
- L’industrie électronique et des semi-conducteurs est la plus grande consommatrice. Ex. : un smartphone contient ~0,03 g de tantale, 0,5 g d’étain et 0,03 g d’or. Les fonderies et fournisseurs doivent aussi surveiller ces minerais.
- L’industrie automobile : La gestion du cobalt est cruciale avec l’essor des véhicules électriques.
- Les énergies renouvelables :
- Panneaux solaires : dépendent de l’étain et de l’argent.
- Éoliennes : nécessitent des aimants en terres rares.
- Stockage d’énergie : cobalt et nickel dans les batteries.
- La joaillerie et le luxe : La transparence de l’or est problématique (~20 % provient de mines informelles, selon le World Gold Council).
Réglementations sur les minerais de conflit
En 2010, les États-Unis ont adopté le Dodd-Frank Act (article 1502), obligeant les entreprises cotées à déclarer l’usage de minerais provenant de RDC/pays voisins et à fournir des rapports de diligence raisonnable.
L’UE a une réglementation plus stricte : le Règlement sur les minerais de conflit (2021) impose aux importateurs d’étain, tantale, tungstène et or de vérifier que leurs achats ne financent pas de conflits.
Le Canada, l’Australie, etc., suivent cette tendance régulatoire.
Comment les entreprises doivent-elles réagir ?
La question des minerais de conflit ne représente pas seulement un défi de conformité légale, mais constitue également un enjeu central de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de stratégie de développement durable.
Face au renforcement des réglementations mondiales et à la sensibilisation croissante des consommateurs aux questions éthiques, les entreprises doivent prendre des mesures proactives pour garantir la transparence et la conformité de leurs chaînes d’approvisionnement.
En tant que fournisseur de matériaux responsable, Stanford Advanced Materials (SAM) met en œuvre des initiatives systématiques pour améliorer continuellement la gestion des approvisionnements controversés, assurer la conformité, la transparence et la traçabilité des sources de matières premières, et ainsi honorer ses engagements envers les clients, les investisseurs et le public.