À la fin de l’année 1917, le haut commandement allemand tire immédiatement parti du nouveau contexte stratégique qui lui est totalement favorable : la révolution russe et l’effondrement de l’armée tsariste qui la suit, permettent désormais de mener la guerre sur un seul front, l’Ouest, en y concentrant toutes les forces disponibles. La décision est prise par Ludendorff de préparer une attaque décisive, de très grande ampleur, pour le printemps 1918, avant que la montée en puissance de l’armée américaine ne soit effective. C’est contre l’armée britannique que cette offensive doit être menée ; les stratèges allemands estiment qu’elle est sortie épuisée des quatre offensives meurtrières et infructueuses qu’elle a menées au cours de l’année 1917 : Arras, Messines, Passchendaele et Cambrai. À la mi-février 1918, l’essentiel du transfert des divisions allemandes du front est vers la France est achevé. Sur les 110 divisions placées en première ligne, 50 le sont face au front britannique, pourtant très étroit par rapport au secteur français. L’offensive allemande a été baptisée avec emphase, la Kaiserschlacht, la « bataille de l’empereur ». Elle est composée de deux phases principales : la première doit frapper la Somme ; la seconde doit parachever la rupture en Flandre française.