Auteur de génie, père de la bande dessinée moderne, René Goscinny a légué à la France un héritage d’une importance capitale : « Astérix », « Lucky Luke », « Iznogoud », « Le petit Nicolas »… Une culture populaire de qualité. Astérix, Lucky Luke, Iznogoud, Le petit Nicolas, Le viager, le journal Pilote… : mort en 1977, René Goscinny laisse derrière lui une œuvre pléthorique et nombre d’expressions cultes passées dans le langage courant. Après avoir grandi en Argentine, le jeune auteur passe sept ans à New York où il vit chichement et apprend le métier de scénariste aux côtés de Harvey Kurtzman et de l’irrévérencieuse équipe du futur Mad Magazine. De cette période, Goscinny conservera une fascination prononcée pour le dynamitage des codes, incarné par la revue américaine. Impertinence, liberté de ton, superposition de différents niveaux de lecture… : Goscinny réinjecte ces grandes lignes dans ses scénarios, puis dans les pages de Pilote. Créé avec Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier, le journal révolutionne la bande dessinée française, accueillant les futurs grands, si nombreux qu’on ne peut tous les citer : Moebius, Mézières, F’murrr, Gotlib, Bretécher, Mandryka, Bilal, Tardi, Reiser… Une génération entière parrainée par l’auteur, qui accouchera plus tard de Charlie Hebdo, L’écho des savanes, Fluide glacial ou Métal hurlant. Et tout cela grâce au succès d’Astérix, dont l’univers aurait surgi, selon la légende, en deux heures sur un coin de table… Exigeant et populaire. La frontière s’est brouillée entre l’homme et l’auteur. De son personnage récurrent dans Achille Talon, où il est représenté sous les traits de l’irascible rédacteur en chef du magazine Polite, jusqu’à ses nombreux passages à la télévision, marqués par le même humour pince-sans-rire (« Je ramperais pour passer devant un objectif, devant un micro, je suis prêt à n’importe quelle bassesse »), Goscinny est devenu pour tous une « star » à part entière. L’inventif documentaire de Guillaume Podrovnik déborde d’images d’archives insolites (la version pirate de Lucky Luke, produite par la Turquie dans les années 1970, vaut son pesant d’or), de témoignages de l’auteur et de ceux à qui il a donné une chance. Il brosse le portrait d’un homme dont le travail exigeant et populaire aura fédéré un pays entier, riant comme un seul homme devant la satire malicieuse de ses pires défauts. Un documentaire de Guillaume Podrovnik.