Si l’archéologie passionne une multitude de personnes, elle est d’autant plus intéressante lorsqu’elle attire l’attention sur des découvertes ayant trait à la vie d’antan. Cela a par exemple été le cas récemment, lorsque ces archéologues norvégiens ont découvert un jeu vieux de 1700 ans dans un tumulus funéraire. Décidément, ce pays est vraiment génial, comme mes précédents voyages me l’ont toujours laissé penser !

Contexte de la découverte

C’est au cours d’une mission en Norvège que des archéologues ont mis la main sur les composantes de ce jeu de société vieux de 1700 ans.

En avril 2020, le Musée universitaire de Bergen a décidé de fouiller les restes d’un petit cairn funéraire d’antan du début de l’âge de fer à Ytre Fosse. Cet endroit est localisé principalement à l’ouest de la Norvège, non loin du village du père Noël.

Cette région est en effet parsemée de tumulus funéraires, et cela des deux côtés d’Alversund, ainsi que de restes qui prouvent l’existence d’une vie antérieure qui était déjà bien organisée.

Contenus de la tombe

La tombe dans laquelle ces résidus ont été retrouvés était en fait, un emplacement de crémation, contenant des pots en céramiques, une épingle en bronze, du verre brulé et 18 pièces de jeu.

Des pièces de jeu comportant des sortes de jetons à double face ainsi qu’un dé allongé taillé dans de l’os. Le dé retrouvé est d’un type très rare. Il n’a pas de forme cubique, celle que nous connaissons classiquement, mais possède une tige fine et allongée comme celles utilisées dans le jeu de société suisse Nagaraja.

Similitude avec d’autres jeux

Aussitôt, les archéologues ont essayé d’établir le lien entre ce jeu et des versions plus contemporaines des différents jeux de sociétés que nous connaissons aujourd’hui.

En Scandinavie

Se posant de multiples questions quant à la manière dont pouvait bien se jouer ce jeu nouvellement découvert, les archéologues ont cherché puis trouvé des similitudes avec des dés de Scandinavie, qu’on retrouve sur le site de Fyn, au Danemark, dont on suppose que ce dé était roulé sur la table pour jouer.

À Rome

On lui trouve aussi des similitudes avec un jeu romain, dit Ludus Latrunculorum, le Latroncules, qui aussi, est un ancêtre du célèbre jeu de la période viking, nommé le Hnefatafl.  Ce dernier serait considéré comme l’ancêtre direct du Latroncules et du jeu découvert en Norvège.

Description physique des jetons et du dé

Les fameux dés ou pièces de jeu trouvés en Scandinavie ressemblent à des bâtonnets ayant deux faces, faites de terre, céramiques, ou de bois ayant des petits cercles tout le long ainsi qu’un point au milieu de chaque cercle. C’est une fente au milieu du bâtonnet qui lui donne son aspect de doublon. Quant aux pièces trouvées en Norvège, elles ont à peu près 3 cm.

Aussi, elles ont plus l’aspect d’un rond ou d’une monnaie que d’une pièce de jeu. Les marques tout autour témoignent de son ancienneté, mais ouvrent également le débat sur une possibilité qu’elles aient été fabriquées manuellement.

En conclusion, les archéologues n’ont pas encore fourni des données plus précises sur la datation exacte de fabrication des dés et des pièces de jeu. Ils effectueront une fouille d’Ytre Fosse plus approfondie afin de fournir ces données-là. Cela nous permettra à tous d’en apprendre davantage sur l’âge de fer en Norvège, mais aussi d’en savoir un peu plus sur l’importance que pouvait bien avoir ce type de jeu à l’époque.

Pour aller plus loin et mieux comprendre quel jeu cela pourrait être, voici comment se présente le jeu de Latroncules :

Présentation du jeu de Latroncules

Le jeu de latroncules trouve sa racine dans le mot grec latrones, qui signifie « mercenaires » ou latrunculus, qui veut dire « brigands ». C’est un jeu de stratégie similaire au jeu de dames, aux échecs ou encore au petteia grec. Pour gagner la partie, il faut capturer les pièces de l’adversaire.

Origines du latroncules

Ce jeu a été créé en Rome Antique, au IIIe siècle avant Jésus Christ. À l’époque, le roi d’Épire, Pyrrhus, n’a alors que 10.000 soldats sous ses ordres dans tous les États qu’il gouverne. Dans ses batailles, il parvient à conquérir la Macédoine et la Thessalie. Malheureusement, il les perdit quelque temps après, faute de préparation. Il décida donc se concentrer sur la gouvernance de son seul royaume restant. Décidé à reconquérir ses terres perdues et à conquérir d’autres, il élabora une stratégie de combat sous forme de jeu théorique qu’il décida d’enseigner par la suite à ses soldats pour renforcer leurs capacités. C’est cet exercice qui a inspiré la création du jeu de latroncules.

Principes du jeu

Chaque partie oppose 2 joueurs pendant 20 minutes environ. Le latroncules requiert un matériel spécifique :

  • Un plateau, dénommé « tabula» de 64 cases claires et foncées au total ;
  • Des pions, dénommés « calculi» de 2 sortes et de deux couleurs : les cavaliers qui sont noirs et posés sur les cases noires en début de partie et les fantassins qui sont blancs et posés sur les cases blanches.

Règles du jeu de latroncules

Bien qu’il n’y ait pas véritablement de règlement écrit, une partie de latroncules se déroule comme suit :

  • C’est le joueur qui possède les pions clairs ou fantassins qui commence la partie et chacun des joueurs n’effectue qu’un seul coup à tour de rôle ;
  • Les fantassins se déplacent en ligne droite et ne peuvent reculer. Lorsqu’ils arrivent en fin de ligne, ils deviennent des cavaliers ;
  • Les cavaliers se déplacent différemment en fonction de la couleur des cases sur lesquels ils se trouvent. Sur une case claire, ils peuvent se déplacer dans tous les sens. Par contre, sur une case foncée, ils doivent obligatoirement suivre les lignes tracées dessus. Elles lui serviront de direction durant tout le jeu ;
  • La capture peut se faire en milieu de plateau ou à l’angle. Au centre, il faut que vos pions encadrent celui de l’adversaire. À l’angle, il faut que vos pions soient placés latéralement par rapport au pion adverse ;
  • Si aucun des joueurs ne réussit à capturer tous les pions de l’autre, alors la partie est déclarée nulle. De même, s’il n’a pas d’autres choix que de se mettre en position où il sera capturé, la partie est nulle.