Une des zones les plus touchées par les tremblements de terre de février se situe dans et autour d’Antakya. Cette ville, qui comptait plus de 200.000 habitants avant la catastrophe, est également connue sous le nom d’Antioche, nom qu’elle portait lorsque cette région frontalière de la Syrie était sous mandat français, entre 1918 et 1938.

Depuis son appartenance à la Turquie, Antakya avait conservé une identité différente du reste du pays, du fait de la diversité de populations et de religions qui y cohabitaient : musulmans sunnites et alévis, chrétiens orthodoxes et encore quelques arméniens, héritiers des survivants du génocide de 1915.
Aujourd’hui, alors que la ville est totalement détruite par le séisme de février, c’est précisément la diversité de cette région qui est menacée par les plans de reconstruction à la va-vite ordonnés par le président Erdogan. Des centaines d’immeubles en lambeaux sont détruits, des tonnes de gravats évacués de la ville pour laisser place à de vastes étendues sur lesquelles de nouveaux quartiers vont pousser, dans le respect des normes antisismiques, selon le gouvernement turc.
Ce bouleversement humain et urbain aura pour conséquence un changement dans la composition de la population. Comme beaucoup d’habitants, les chrétiens sont partis se réfugier dans d’autres villes de Turquie et il n’est pas certain qu’ils reviennent. Face à ce danger, face au risque d’homogénéisation religieuse d’Antakya, les chrétiens orthodoxes ont tenu à célébrer, au milieu des ruines, une messe de Pâques. Autour du Patriarche d’Antioche, venu de Syrie où il réside, tous promettent que la ville renaîtra et que les Chrétiens d’Orient resteront.

Disponible jusqu’au 01/05/2053
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