Avec ce sujet nous vous invitons à faire la connaissance des sorcières de Suisse-romande. Une nouvelle sorte de sorcières, ni vieilles, ni moches, ni cruelles. Incarnation d’une nouvelle génération, ces jeunes femmes revendiquent la puissance de la féminité et une approche de la magie toujours bienveillante. On pourrait croire qu’il s’agit du dernier truc à la mode, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Les rayons des librairies se sont étoffés de nouveaux ouvrages sur les spiritualités alternatives, les boutiques de magie commencent à essaimer chez nous et il suffit de cliquer « sorcières » sur Instagram pour tomber sur des influenceuses et auto-entrepreneuses d’un genre nouveau. En somme, l’engouement pour ces nouvelles sorcières répond à de nombreuses interrogations de notre temps : développement personnel, retour à la nature, rituels, attrait des médecines alternatives. Et puis, il y a aussi le message féministe que délivrent ces jeunes femmes : alors qu’on brûlait autrefois les accusées de sorcellerie, elles veulent aujourd’hui rendre justice à la féminité. Leur charme opère particulièrement auprès de la génération MeToo, dont elles sont un emblème féministe, de femmes puissantes et émancipées. C’est un reportage de Mathias Tuosto et Christophe Ungar. Signalons encore que de récentes études menées en Suisse confirment l’attrait pour des formes de spiritualité qui s’affranchissent des religions traditionnelles. Ainsi, entre 1970 et 2014, le nombre de catholiques a baissé de 20% et celui des protestants a baissé de moitié. La proportion de personnes se disant « sans confession » a considérablement augmenté, passant de 1,2% à 22% entre 2012 et 2014. Une autre recherche menée en Suisse révèle qu’en 2011, 9% de la population suisse, dont une majorité de femmes, adoptait des pratiques dites plus « spirituelles » que religieuses. En 2015, ce chiffre a augmenté à 13,4 %, une forte croissance sur quelques années. Un reportage de Christophe UNGAR et Mathias TUOSTO