De « Casque d’or » aux « Chemins de la haute ville », qui lui vaut un Oscar en 1960, de « Thérèse Raquin » à « La vie devant soi », en passant par « La ronde », « Les diaboliques », « La veuve Couderc » ou « L’armée des ombres », Simone Signoret a toujours refusé de se laisser enfermer dans le cliché de l’idéal féminin. Portrait émouvant d’une actrice dont la vie fut marquée par l’engagement.

Née en 1921 à Wiesbaden, en Allemagne, où son père officier, juif français d’origine polonaise, est alors en poste, la jeune Simone Kaminker grandit à Neuilly-sur-Seine. Lorsqu’en 1940 il rejoint Charles de Gaulle à Londres, elle abandonne ses études pour aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille. Après un peu de secrétariat, Simone se fait des copains au Café de Flore, le repaire de la bohème parisienne. Grâce à eux, elle devient figurante, en 1942, dans Les visiteurs du soir de Marcel Carné. Les petits rôles s’enchaînent jusqu’à ce que le réalisateur Yves Allégret – qu’elle épousera en 1948 – la dirige dans Les démons de l’aube. De Casque d’or aux Chemins de la haute ville, pour lequel elle reçoit un Oscar en 1960, de Thérèse Raquin à La vie devant soi, qui lui vaut un César en 1978, en passant par La ronde, Les diaboliques, La veuve Couderc ou L’armée des ombres, Simone Signoret a toujours refusé de se laisser enfermer dans le cliché de l’idéal féminin. Sur le plan privé, son coup de foudre à Saint-Paul-de-Vence pour l’artiste de music-hall Ivo Livi, dit Yves Montand, lui ouvre de nouveaux horizons. Pour lui, Simone divorce d’Allégret. Compagnon de route du Parti communiste dans les années d’après-guerre, le couple Signoret-Montand sera de tous les combats de l’intelligentsia de gauche : contre l’arme nucléaire, la chasse aux sorcières aux États-Unis, pour l’indépendance de l’Algérie…

Franc-parler

Actrice intransigeante – « une façon polie de dire que je suis une emmerdeuse » –, multirécompensée, Simone Signoret, disparue en 1985, s’est racontée neuf ans plus tôt dans un livre (La nostalgie n’est plus ce qu’elle était). Elle a aussi répondu avec un franc-parler rafraîchissant aux mille questions des journalistes sur des sujets aussi variés que le métier d’acteur, ses rôles au cinéma, sa conception de l’engagement politique, du couple ou du temps qui passe. Michèle Dominici compose à partir d’archives, d’interviews et d’extraits de ses films l’émouvant portrait d’une actrice qui refusa toute sa vie d’être une star, d’une militante qui ne fut jamais encartée, d’une artiste qui a fait le choix de l’amour et de la liberté.

Documentaire de Michèle Dominici disponible jusqu’au 03/05/2022.