Rires obscènes, hiérarchies inversées, parodies du sacré : au Moyen Âge, la Fête des Fous célébrait le monde à l’envers. Tolérée puis bannie par l’Église au XVIe siècle, elle pose encore une question brûlante : peut-on vraiment rire de tout ?
Au Moyen Âge, la Fête des Fous, ou festa stultorum en latin, célébrait le monde à l’envers et permettait aux fidèles, par des mascarades, d’inverser l’ordre social et religieux de manières inconcevables en dehors de cette fête : parodies liturgiques, jeux grotesques sur l’autel, chants obscènes, inversion des hiérarchies. Probablement héritée des Saturnales romaines, cette pratique fut progressivement encadrée puis interdite. Au XVIe siècle, avec la Contre-Réforme, l’Église bannit les fêtes impliquant la parodie du sacré, les jugeant irrespectueuses et blasphématoires.
Quelles furent les conséquences de cette interdiction ? Et sans Fête des Fous, comment divertir, critiquer et inverser l’ordre établi ? Peut-on encore rire de tout ? Éléments de réponses avec l’historien médiéviste Emanuele Arioli.