Le mythe de Néron, l’un des empereurs les plus controversés de l’histoire romaine, est un exemple classique de la fabrique d’un monstre. Au fil des siècles, l’image de Néron a été déformée et amplifiée par les écrivains, les artistes et les historiens, créant une figure diabolique qui incarne la tyrannie, la cruauté et la décadence.

Pourtant, il convient de rappeler que la perception de Néron dans l’Antiquité était beaucoup plus nuancée. Bien que certaines sources contemporaines décrivent Néron comme un tyran impitoyable, d’autres le présentent comme un souverain populaire et bienveillant, qui a œuvré pour le bien-être de son peuple.

Le processus de fabrication du mythe de Néron a commencé peu de temps après sa mort, en 68 après J.-C. Les premières sources historiques, écrites par des historiens romains tels que Tacite et Suétone, ont décrit Néron comme un despote cruel et immoral, qui a régné avec une main de fer sur l’Empire romain.

Au fil des siècles, cette image de Néron a été reprise et amplifiée par les écrivains, les artistes et les dramaturges, qui ont créé une représentation plus exagérée et sensationnelle du tyran. Les œuvres littéraires, telles que la tragédie de Shakespeare « Antoine et Cléopâtre », ont contribué à renforcer cette image de Néron en tant que tyran mégalomane et cruel.

Au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, Néron est devenu un symbole de la décadence morale et de la folie des empereurs romains. Les artistes ont représenté Néron comme un être démoniaque, avec des cornes et une queue, tandis que les écrivains l’ont décrit comme un monstre dévorant ses sujets.

Au XXe siècle, Néron a été réhabilité en partie par certains historiens qui ont cherché à nuancer l’image de ce souverain. Ces derniers ont mis en avant les réalisations positives de Néron, notamment la construction de grands projets architecturaux tels que le Colisée et les Thermes de Néron, ainsi que les mesures prises pour améliorer le statut des esclaves et des femmes.

En fin de compte, le mythe de Néron est le résultat d’un processus complexe de construction de l’image d’un empereur controversé au fil des siècles. Bien que certaines des accusations portées contre Néron soient sans doute justifiées, la représentation exagérée et sensationnelle du tyran a été largement amplifiée par la littérature, l’art et le théâtre.