Depuis la très haute Antiquité, depuis des milliers d’années, on voit au printemps les animaux de la Méditerranée monter vers les Pyrénées, les Cévennes et les Alpes et redescendre à l’automne. C’est la transhumance où seuls les bergers accompagnent les troupeaux. Le chamois dans les Alpes ou l’isard dans les Pyrénées transhument depuis toujours : il suit la coulée de végétation qui remonte dès le printemps de la vallée vers les sommets. La transhumance a été inventée par les animaux à la recherche d’herbe verte et tendre et les hommes ont découvert ce principe en suivant les bêtes de chasse au cours de leurs migrations… En France, le pastoralisme est encore très vivant et les bergers maintiennent la tradition. Au Pakistan, ce sont des bergères que l’on rencontre beaucoup plus haut entre 4500 et 5000 mètres d’altitude, avec chèvres, moutons et yacks, tandis que les hommes et les enfants d’âge scolaire restent au village, à 3200 mètres. Au Kamtchatka, c’est toute la communauté qui est obligée de se déplacer pour survivre à la suite du troupeau de rennes sur la neige glacée des plaines qui deviennent mouvantes et gadouilleuses durant le très court été où elles dégèlent : on parle alors de nomadisme plutôt que de transhumance mais les principes restent les mêmes. La transhumance est un vestige d’une époque très ancienne de l’homme, avant qu’il ne devienne sédentaire, quand les moutons étaient des mouflons, les chiens des loups et que les rennes n’étaient pas des animaux domestiques…