Il était une fois une tique. Une femelle tique qui vivait dans le plumage d’un Albatros de Laysan. Ensemble, ils parcouraient les vastes étendues du Pacifique Nord , entre l’archipel d’Hawaii et les Aléoutiennes.

Pendant que son hôte errait au gré des tempêtes en quête de quelques poissons, elle vivait une paisible existence et se cramponnait dans la douce chaleur d’une couche de duvet et de plumes. Puis vint le temps des amours de l’albatros synonyme de retour à terre obligatoire pour les vagabonds de l’océan. Les ébats et leurs inévitables épouillages mutuels mirent provisoirement fin à la douce quiétude : face aux becs qui pénètrent régulièrement dans le plumage, la tique préfère lâcher prise et se laisser tomber sur le sol où l’attendent d’autres dangers. La tique va alors montrer d’incroyables capacités de résistance : piétinée par des pattes palmées, soulevée par quelques facétieux courants d’air, ou encore écrasée par un œuf chutant d’une hauteur équivalent à mille fois sa taille, elle survit tant bien que mal et donne vie à la génération suivante. Pour les tiques fraîchement écloses, une existence hasardeuse commence alors : selon les vents et les rencontres, les plus fortunées s’accrocheront à oiseau de passage, d’autres attendront au coin d’une pierre des jours meilleurs, d’autres finiront dévorées avec leur hôte par un requin tigre.