Avec ce reportage on va vous révéler ce qui pourrait vous arriver le jour où vous pourriez basculer dans l’invalidité. Ne partez pas, cela est arrivé à près de 250’000 Suisses, un quart de millions de nos compatriotes, qui touchent une rente AI. Cela vous concerne aussi, car si vous regardez bien votre feuille de salaire, pour la plupart d’entre vous, vous payez chaque mois 1,4% de ce salaire brut. A ce prix-là, vous vous dites : ouf, en cas de malheur, je suis couvert. Et bien non, justement : la réalité, vous allez le voir, est choquante. Contrairement à la croyance populaire qui pense souvent « qu’être à l’AI » c’est toucher une confortable rente sans travailler, la plupart des rentes sont misérables, quant elles ne sont tout simplement pas refusées. Si vous avez un accident de travail, une maladie qui se déclare soudainement, une dépression qui s’installe, vous pourriez vous faire aider grâce à une rente invalidité, pour laquelle vous avez cotisé toute votre vie. Seulement voilà : après de savants calculs, il s’avère qu’il faut gagner au moins 120’000 francs par année pour espérer toucher une rente complète. Pour l’essentiel de la classe moyenne dans ce pays, qui gagne entre 70’000 et 100’000 francs, l’AI ne représentera que des cacahuètes, pas assez pour vivre. Cette enquête, menée par Sabine Pirolt et Claudio Tonetti, réclame de bien s’accrocher pour comprendre un système complexe qui pénalise la plupart d’entre nous. Nous avons fait de gros efforts de vulgarisation pour expliquer cette situation, et cela vaut la peine de se plonger dans les chiffres. Ce que nous exposons, c’est un dysfonctionnement majeur d’un régime pour lequel nous contribuons tous massivement. Tout récemment, la Commission des affaires de santé du Conseil national a écrit au Conseiller fédéral Alain Berset pour lui suggérer de revoir le calcul des rentes AI. Un ancien juge au Tribunal fédéral, dont les arrêts sur l’AI sont contestés, vient de reconnaître que les salaires théoriques sur lesquels sont calculés les rentes, devraient être revus à la baisse. Réponse du Conseil fédéral, selon la presse alémanique : pas question de revoir le calcul, cela coûterait 300 millions de plus à la caisse de l’Assurance invalidité. Un reportage de Sabine Pirolt et Claudio Tonetti.