On ne choisit jamais son ombre, car les lumières ne relèvent pas de l’individu, mais plutôt de son environnement. C’est à partir de cet angle que Marcelo Otero appréhende la dépression de masse dans son livre « L’Ombre portée, l’individualité à l’épreuve de la dépression » (Boréal, 2011). Les gens pris isolément n’ont aucune souveraineté à l’égard des transformations mondiales qui bouleversent l’organisation du travail et la place qu’il occupe dans la vie active depuis quelques décennies. Pour le professeur de sociologie à l’UQAM, les antidépresseurs s’’attaquent uniquement aux effets et jamais aux causes de la dépression. Pour comprendre l’épidémie actuelle de cette pathologie de l’action vécue comme une paralysie de la vie active, il faut mettre en cause l’accélération des impératifs de production et de performance dans l’univers du travail et toute l’échelle de valeur qui en découle. Alors que le médecin traite l’individu dans une dimension clinique, le sociologue qu’est Marcelo Otero cherche plutôt à dévoiler les causes sociales de la source la plus importante d’invalidité en ce début de siècle.