Elisabeth Bathory, la véritable comtesse Dracula

Les déplorables habitudes de la Comtesse Bathory, de sinistre mémoire, font passer les serial killers américains contemporains – les Ted Bundy et autres Jeffrey Dahmer – pour de vulgaires amateurs.

Car la Comtesse se rapproche plus, en cette sinistre matière, des standards établis par Gilles de Rais : il n’est effectivement pas exclu qu’elle aie tué ou fait tuer de 200 à 600 personnes, ce qui en ferait l’une des toutes premières criminelles de l’histoire en temps de paix (toute relative dans ce contexte).

Origines et famille de la Comtesse Bathory

Ce croquemitaine femelle, née en Transylvanie (ça ne s’invente pas…) est le rejeton d’une famille germanique ennoblie à la fin du 13ème siècle par le roi de Hongrie Ladislav IV. Il ne s’agit pas d’une lignée d’obscurs hobereaux, mais bien d’une famille influente dont l’un des membres, le voïvode Etienne Bathory, devait même occuper le trône de Pologne en 1571.

Pour le reste il faut convenir que la famille a ses bizarreries : composée d’épileptiques chroniques, elle ne rechigne pas aux liaisons incestueuses, à l’instar d’un cousin d’Elisabeth – Gabor – qui aura deux enfants de sa propre sœur, morts toutefois en bas âge.

Les esprits chagrins pourront certes remarquer que ce n’est guère pire que la Cour d’Espagne au même moment.

Mariage et vie au château de Csejthe

Quoi qu’il en soit Elisabeth est fiancée à l’âge de 14 ans à un comte très influent, Férencz Nadasdy, qu’elle épouse en 1575.

La jeune femme s’installe ensuite dans le château de Csejthe, près de la ville de Nitra actuellement située au sud de la Slovaquie. Comme de juste l’édifice, inquiétant à souhait, est juché au sommet d’une colline désolée.

Disparitions et crimes de la Comtesse

Tout ceci semble certes folklorique, mais les choses deviennent sérieuses à la mort du mari d’Erzébet, laquelle survient en 1604 après vingt-neuf ans de mariage. C’est à partir de ce moment que les jeunes paysannes qui vont travailler au château ne reviennent plus, et que d’autres jeunes filles encore – bohémiennes, filles de ferme, etc – disparaissent un peu partout dans la région.

Il est impossible que la frêle Elisabeth aie pu les séquestrer et les neutraliser seule ; et de fait une sinistre bande s’est constituée autour de la comtesse fascinée dit-on par le sang de ses victimes.

Les complices et la magie noir

Il y a là sa nourrice Ilona, une certaine Darvulia Anna qu’on dit sorcière, l’homme à tout faire Ficzko et un mystérieux maître de conscience qui use du nom théatral de Cadevrius Lecorpus.

A l’époque cette partie de la Hongrie, livrée à la pression turque – l’Ottoman a conquis Buda en 1541 et a même constitué une province hongroise ottomane, la Budin Beylerbeyligi – sombre dans une sorte de chaos culturel : le paganisme reprend ses droits au même titre que la magie noire, circonstance historiquement vérifiée.

Elisabeth pour sa part est persuadée que des aspersions de sang – de jeunes vierges, naturellement – sont propices à la jeunesse éternelle.

L’enquête et l’arrestation

Les autorités ecclésiastiques, longtemps discrètes, commencent à penser que l’entourage d’Elisabeth n’est pas pour rien dans l’absentéisme des jeunes femmes dans les églises.

Le roi de Hongrie Mathias II confie une enquête au gouverneur de province qui la délègue à son tour à un propre cousin d’Elisabeth, Gyorgy Thurzo, qui arrêtera finalement la comtesse en 1610.

Châtiment et fin de la Comtesse

Les membres de son « gang » seront décapités et Elisabeth murée vive en son château, où elle devait mourir à l’âge de 54 ans.