Les larves sont les figures d’une altérité radicale, le point le plus abject et le plus éloigné de l’humain. Pourtant, c’est par elles que nous avons pris visage. Les larves représentent un stade pré-individuel, celui d’une vie « masquée sous sa première forme » qui inspire la léthargie et hante les vivants. Elles nous dévorent et nous ramènent à l’humus, faisant de l’humain une matière qui circule dans d’autres êtres. Comme les parasites, elles sont les petits, les méprisés, les invisibles, la masse des travailleurs de l’ombre qui accélèrent la course à l’armement entre les espèces et donnent à l’évolution une intersubjectivité insoupçonnée. Les larves, dont le mot est privé de rime et semble en cela coupé des résonances du monde, n’en présentent pas moins une valeur expressive propre qui excède l’explication fonctionnaliste ou reproductrice. Par le truchement d’apparences et d’ornements, de mimétismes ou de camouflages, elles manifestent leur appartenance cosmique dans le libre jeu du caché et du montré.

Cette communication entend déployer l’imaginaire et les représentations scientifiques et artistiques de la larve. Des récits d’horreur à leurs plus belles métamorphoses, en quoi les larves nous permettent-elles de penser notre présence au monde ?