Face au risque de collision avec la Terre, les agences spatiales affinent leurs observations sur la course des astéroïdes dans notre galaxie. Un état des lieux documenté des programmes en cours.

Il y a 65 millions d’années, la collision entre un astéroïde de 50 kilomètres de diamètre et la Terre a fait disparaître 80 % des espèces animales vivant à la surface du globe. D’une violence inouïe, l’impact a déclenché une sorte d’hiver nucléaire qui a plongé notre planète dans l’obscurité. La photosynthèse des plantes ayant été interrompue pendant plusieurs années, les herbivores puis les carnivores sont morts de faim et de froid. Plus proche de nous, en 1908, près de la rivière Toungouska, en Sibérie, l’explosion à 9 kilomètres d’altitude d’un astéroïde d’une taille de 50 mètres a dégagé au sol une énergie représentant mille fois celle libérée par la bombe larguée sur Hiroshima. Par chance, la zone était très faiblement peuplée, mais 60 millions d’arbres ont été couchés ou calcinés sur pied. Si l’atmosphère qui entoure la Terre joue le rôle d’un bouclier naturel disloquant et brûlant les petits corps célestes dont l’orbite croise la nôtre, elle ne freine que partiellement les plus imposants. Si un astéroïde venait à tomber aujourd’hui sur une zone urbanisée, il ferait des victimes par milliers et des dégâts incommensurables. Comment empêcher pareil cataclysme ? Depuis plus de deux décennies, la question mobilise la communauté scientifique. S’appuyant sur des instruments d’optique de plus en plus perfectionnés, astronomes et astrophysiciens scrutent le ciel afin de répertorier les astéroïdes potentiellement dangereux. Dernièrement, la Nasa a décidé de tester à titre expérimental une proposition de l’université John-Hopkins (Maryland) : envoyer une sonde kamikaze sur le satellite de l’astéroïde Didymos. Lancée en 2021, elle devrait le percuter à l’automne 2022 afin d’en modifier la trajectoire. De son côté, la Chine a annoncé son projet de lancer vingt-trois fusées Longue Marche 5 pour frapper Bennu, un astéroïde sur lequel la sonde américaine Osiris-Rex a effectué en 2020 des prélèvements rocheux (Mission astéroïde) et dont le retour sur Terre est attendu en 2023.

Rivalités géopolitiques

Petits corps célestes composés de roches, de métaux et de glace, les astéroïdes sont des poussières d’étoiles qui orbitent autour du Soleil. Lorsqu’ils ne respectent pas la course régulière des planètes autour de l’astre solaire, leur trajectoire erratique croise parfois l’orbite de la Terre : plus de 20 000 de ces astéroïdes géocroiseurs ont ainsi été répertoriés. Revenant sur plusieurs collisions exceptionnelles, reconstituées au travers de scènes de fiction et d’animations en images de synthèse, ce documentaire réunit les éclairages des meilleurs experts mondiaux, parmi lesquels Patrick Michel, responsable de la première mission de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), et des astrophysiciens de la Nasa. Offrant un état des lieux des connaissances sur les astéroïdes, le film pointe les faiblesses de la collaboration entre les grandes nations spatiales et les rivalités géopolitiques, malgré les risques que ces objets célestes font potentiellement courir à l’humanité.

Documentaire de Bertrand Loyer disponible jusqu’au 04/12/2022.