L’origine de la guerre de Troie

Avant d’aborder la guerre mythique de Troie, il est nécessaire de présenter la genèse de ce tumultueux conflit qui prit sa source au sein des divinités elles-mêmes. Ce sont d’ailleurs des femmes, figures pourtant peu présentes sur le champ de bataille, qui introduisirent le germe de la discorde.

Prémices d’un conflit légendaire

La soirée mémorable à l’origine de ce chamboulement fut marquée par la célébration d’un événement d’une importance capitale suivant les critères de l’époque : les noces de la divine Thétis avec le mortel Pelée. Ce moment de gaieté et d’union fut toutefois assombri par une apparition inattendue : Éris, aussi connue sous le nom de la Discorde, fait une entrée fracassante en plein milieu de la fête.

Assoiffée de chaos et de disputes, la divinité irascible apporte un cadeau trompeur : une pomme d’or exquise, destinée à récompenser la déesse la plus belle. Le stratagème d’Éris est un véritable coup de maître. A peine le présent est-il dévoilé que trois déesses entrent en compétition pour s’emparer de la pomme : Athéna, Héra et Aphrodite ; toutes belles, toutes persuadées d’être la lauréate.

Dans ce climat de tension naissant, aucun dieu n’ose désigner la plus belle, craignant les représailles des deux autres. Sensés, les dieux évitent de se mêler d’une telle affaire et préfèrent déléguer ce fardeau à un mortel. Après tout, rien de mieux qu’un humain pour résoudre une dispute entre les dieux.

Le choix de Paris

C’est ainsi que l’infortuné Pâris, fils du roi Priam de Troie, est assigné à la délicate tâche de juger la beauté des trois déesses. Après des délibérations douloureuses et de longues réflexions, Pâris finit par juger Aphrodite comme la plus belle.

La déesse de l’amour a, en effet, promis à Pâris le cœur de la plus belle femme du monde, Hélène de Sparte, et ce indépendamment de son statut marital. Enthousiaste, Aphrodite accueille le compliment de Pâris, comme une confirmation de ce dont elle n’avait jamais douté : sa beauté éclipse celle de toutes les autres déesses.

Sans grande surprise, Pâris, maladroit et sans acuité diplomatique, s’aventure à Sparte. Ménélas, l’époux d’Hélène et roi du lieu, l’accueille chaleureusement, lui offrant des présents et le traitant avec tous les égards dus à un prince.

Cependant, lorsqu’un devoir familial appelle Ménélas hors de Sparte, c’est à Hélène qu’il revient la charge d’honorer l’hôte royal. Une fois seuls, Aphrodite fait profiter Pâris de son don irrésistible et Hélène, charmée, abandonne tout : mari et enfants, pour s’embarquer avec le Prince troyen vers de nouveaux horizons.

L’outrecuidance de Paris et la réparation d’un affront

Pâris, aveuglé par son avidité, a non seulement volé la femme d’un roi de haute lignée – un Atride – mais il a surtout violé l’un des principes les plus sacrés de l’époque : les règles de l’hospitalité, un code de conduite fondamental à la fois chez les Grecs et dans l’ensemble du Proche-Orient antique.

Cet affront, à la fois à un individu et à une norme sociale respectée, n’allait pas rester impuni. Le tort causé à Ménélas réclamait une rétribution à la mesure de l’outrage. Ainsi naquit le prétexte officiel du déclenchement de la guerre la plus légendaire de l’Antiquité, la guerre de Troie.