Le 20 août 2020, Alexeï Navalny, le principal opposant à Poutine, est à son tour intoxiqué au Novitchok lors d’un vol intérieur. Miraculé et soigné à Berlin, il est arrêté et emprisonné dès son retour en Russie.

Après l’empoisonnement de Sergueï Skripal, le président russe durcit le jeu. Alors qu’un lobbying appuyé de Bill Browder et Vladimir Kara-Murza conduit le Canada, puis l’Union européenne à voter aussi le Magnitski Act, Poutine réclame à Donald Trump l’extradition de l’homme d’affaires américain lors d’une rencontre à Helsinki le 16 juillet 2017. Malgré l’annexion de la Crimée en 2014 et la guerre qu’il mène par procuration dans la région du Donbass, le maître du Kremlin continue de bénéficier de l’indulgence des pays européens, dépendants du gaz russe, en particulier l’Allemagne. Le gazoduc Nord Stream 1, mis en service en 2012 (bientôt suivi par son petit frère, Nord Stream 2), constitue une arme redoutable pour la Russie. Sur le plan intérieur, Vladimir Poutine se retrouve toutefois menacé par l’opposant Alexeï Navalny, qui dénonce la corruption et dont la popularité grandit. Le 20 août 2020, ce dernier est à son tour intoxiqué au Novitchok lors d’un vol intérieur, entre Omsk et Moscou. Miraculé et soigné à Berlin, il est arrêté et emprisonné dès son retour en Russie.

Comme un thriller

Avec l’élection à la présidence de Vladimir Poutine, ex-directeur du FSB en 2000, les Russes, experts dans l’art du poison, en ont fait une arme centrale de leur arsenal stratégique. Ainsi, ces vingt dernières années, Vladimir Poutine a visé à la fois les opposants à son régime et les anciens espions qui avaient changé de camp. D’Alexeï Navalny à Vladimir Kara-Murza, récemment condamné à vingt-cinq ans de prison, d’Alexander Litvinenko à Sergueï Skripal, plusieurs affaires retentissantes ont révélé le bras de fer, aux enjeux diplomatiques et géopolitiques majeurs, qui oppose en coulisses le Kremlin et l’Occident, dans la droite ligne de la guerre froide. Luttes d’influences, guerres de territoires, batailles financières et énergétiques…  : chaque empoisonnement éclaire les dessous d’une partie d’échecs et d’une volonté expansionniste, axe de la dérive qui a conduit à l’invasion de l’Ukraine. Suivant la piste du poison à la manière d’un thriller, la documentariste Jennifer Deschamps (Inside Lehman Brothers) dresse un sidérant tableau de la Russie de Vladimir Poutine. S’appuyant sur le témoignage de victimes directes (dont l’opposant Vladimir Kara-Murza et l’homme d’affaires américain William Browder) et d’autres acteurs ou observateurs de ces affaires ? juges, enquêteurs, comme l’ex-directeur de la CIA Leon Panetta, ou journalistes ?, cette enquête en trois temps retrace méthodiquement la mise en place d’un régime mafieux et autoritaire, qui mène de front répression intérieure et agression extérieure.

Série documentaire (France, 2023, 52mn)
Disponible jusqu’au 05/11/2023