Reconnu et plébiscité à travers le monde entier, le travail du cristal est un des joyaux de la Lorraine, région historiquement et culturellement riche située au nord-est de la France, aux frontières avec la Franche-Comté et la Champagne. L’expérience et le savoir-faire acquis au fil des âges font de cet artisanat français un art véritable, précieux et recherché mondialement. Il n’y a pas que la mirabelle et la quiche qui mérite le détour en Lorraine… Parmi les noms qui ont forgé la renommée du cristal et qui ont contribué au rayonnement et au prestige de la région à travers le monde, on peut citer celles de Baccarat, la cristallerie des Rois qui a eu comme client Charles X et Louis XVIII, Lalique, qui a su marquer les esprits dans les arts décoratifs ainsi que le luxe et enfin Saint-Louis, la première verrerie à avoir acquis le titre de cristallerie en France et où tout est encore produit à la main. Et parmi tous ces acteurs de prestige, comment ne pas citer la maison Vessière, qui avec plus de 140 ans d’activité, peut être définie comme l’ambassadeur mondial de la cristallerie ? Créé en 1882 par Justin Vessière, lui-même ancien graveur sur cristal renommé, ce magasin propose depuis des générations des articles de haute qualité produits par les cristalleries les plus renommées.

Du verre ou du cristal ?

Pour les non-avertis, il est difficile de pouvoir distinguer du verre commun avec le précieux cristal. Alors, qu’est-ce qui les différencie fondamentalement ? Le cristal est-il du verre de meilleure qualité ? Pas tout à fait, mais presque. Les deux sont composés d’oxyde de silicium, mais la différence réside dans l’adjonction d’oxyde de plomb, qui rend le cristal plus transparent mais aussi plus éclatant : il diffuse la lumière de manière plus éclatante. Le son est différent lui aussi, il est plus brillant et plus long, apparenté au tintement d’un petit carillon. Enfin, point non négligeable, son travail est rendu plus aisé grâce à une température de travail plus basse et une matière plus souple. Il faut savoir que pour obtenir l’appellation de cristal, le verre doit contenir au minimum 24% d’oxyde de plomb. Les grandes cristalleries vont jusqu’à plus de 30%. Plus ce taux est élevé et plus le cristal sera pur… donc son éclat sera grand.

Une histoire qui date de plusieurs siècles

L’histoire de la verrerie et du cristal dans l’hexagone est ancienne et démarre il y a bien des siècles… Il faut dire que les forêts lorraines ont été un berceau propice, avec quantité de ressources et matériaux nécessaires à la pratique de cet artisanat. Le bois, abondant, permettait de maintenir le foyer du four à une température suffisante (plus de 1400°), les cendres des fougères et le sable fournissaient quant à eux la silice (oxyde de silicium) nécessaire. C’est autour du 3ème siècle que l’on trouve les premières traces du travail du verre, sans pour autant en avoir un usage industriel car cela tenait plus du travail d’ateliers et d’artisans itinérants opérants dans les forêts opulentes. A partir du moyen-âge, la verrerie prend réellement son essor, avec l’installation dans les villes de grands ateliers et de l’établissement d’une charte de corporations. La production s’organise et se professionnalise. C’est à cette époque que l’on voit éclore de grands noms de cristallerie dans des localités tels que Meisenthal, Baccarat et surtout Saint Louis les Bitches, la plus ancienne cristallerie de Lorraine toujours réputée de nos jours pour sa qualité et la finesse de sa production. Au milieu du 15ème siècle, l’industrie verrière bénéficie d’un soutien de poids. En effet, le Duc de Lorraine accorde de très intéressants privilèges aux artisans verriers avec, en échange, la parole de ces derniers de conserver le secret professionnel. Il faut savoir que le cristal n’a pas été inventé en France. En effet, c’est en 1676 en Angleterre que Georges Ravencroft invente le véritable cristal en ajoutant, intentionnellement ou par hasard, de l’oxyde de plomb au verre. Pendant ce temps dans l’hexagone, la production de verre s’intensifie partout dans le nord-est et notamment dans les Vosges car bon nombre de propriétaires terriens souhaitaient mettre à profit leurs forêts, celles-ci ne rapportant pas grand-chose. A tel point qu’au 17ème siècle, l’industrie verrière fut accusée de détruire les massifs boisés du territoire. Et c’est vers la fin du 18ème siècle que les verreries françaises découvrirent enfin le secret de production du cristal détenu par l’Angleterre depuis plus de 100 ans… Depuis, avec l’apparition de l’ère industrielle, les cristalleries n’ont eu de cesse d’améliorer les processus et les techniques de production en recherchant constamment la qualité. Malheureusement, certaines d’entres-elles ont dû fermer leurs portes, à l’instar de la Verrerie de Portieux ou celle de Vallérytshal. Elles sont cependant transformées en musée et en lieux d’exposition où il est possible de découvrir toute la finesse et le raffinement du travail du cristal.