Du XVIIe au XIXe siècle, la période moderne est marquée par la volonté de lutter contre la prostitution. Parfois les mesures visent son éradication, par l’emprisonnement ou le bannissement. Mais beaucoup de ces mesures sont assez vite oubliées ou pas du tout appliquées. Certains comportements sont nouveaux : des asiles s’ouvrent pour les femmes repenties, que vont bientôt rejoindre celles que l’on considère comme risquant de tomber dans la prostitution parce que pauvres et célibataires. Des ordonnances précisaient même de n’admettre que les jolies filles, les laides « n’ayant pas à craindre pour leur honneur ». L’Angleterre, puis l’Espagne, créent de tels établissements. En 1658, Louis XIV ordonne d’emprisonner à la Salpêtrière toutes les femmes coupables de prostitution, fornication ou adultère, jusqu’à ce que les prêtres ou les religieuses responsables estiment qu’elles se sont repenties et ont changé. C’est alors la première fois en Europe que la prison sert de punition : elle ne servait auparavant que pour garder les accusés jusqu’à leur procès ou les condamnés jusqu’à leur départ pour l’exil ou le bagne. Le « système français » au XIXe siècle se distingue par une réglementation qui vise à confiner la prostitution dans des lieux clos faciles à surveiller (favorisant de ce fait les tenancières de maisons de tolérance et de rendez-vous au détriment des filles du trottoir) et à obliger les prostituées à se soumettre à une visite sanitaire (voir péril vénérien) tous les 15 jours dans un dispensaire. Ce système différencie la prostitution tolérée de la prostitution clandestine : les « filles soumises » de la prostitution tolérée obéissent aux règlements de la police des mœurs (« filles à numéro » travaillant dans une maison close dont le numéro de rue est inscrit au-dessus de la porte et sur le registre les listant, « filles à carte » ou « filles libres » figurant sur les registres de la préfecture de police ou de la mairie et ayant une carte au dos de laquelle figurent l’essentiel de leurs obligations) ; les « filles insoumises » ou « clandestines » (depuis la fille du trottoir se prostituant misérablement dans la rue jusqu’à la cocotte) échappent au contrôle de la police des mœurs