Article | Kazakhstan–FMI : un dialogue stratégique au cœur des réformes d’Astana

Le 19 novembre 2025, la délégation du FMI s’est rendue à Astana dans le cadre des consultations annuelles prévues par l’Article IV, un rendez-vous diplomatique et économique devenu central dans l’architecture des relations entre le Kazakhstan et les institutions financières internationales. Cette mission, menée à un moment où le gouvernement du président Kassym-Jomart Tokaïev accélère ses réformes, a permis d’examiner les dynamiques internes d’une économie en mutation.

Le diagnostic du FMI : une croissance solide pour leKazakhstan

La première phase des discussions a pris la forme d’une analyse de la performance économique du pays. Le Kazakhstan a en effet affiché une progression du PIB de 4,8 % en 2024 et 6,4 % sur les dix premiers mois de 2025. Ces chiffres, salués par le FMI, donnent à voir une économie capable de résister aux vents contraires régionaux, tout en consolidant les acquis. Et pourtant, dans la lecture du FMI, cette solidité apparente ne peut masquer certaines failles. Ali Al-Eyd, à la tête de la mission du FMI, a ainsi déclaré : « Nous prévoyons une croissance réelle du PIB légèrement supérieure à 6 % en 2025, et nous attendons qu’elle reste solide autour de 4,5 % en 2026 ». Un propos qui laisse entendre que l’expansion actuelle devra tôt ou tard composer avec des tensions persistantes.

Parmi elles, l’inflation demeure la plus préoccupante. Les prévisions établissent un niveau proche de 13 % en 2025 et de 11 % en 2026. Le FMI incite donc à maintenir une politique monétaire restrictive, rendue tangible par un taux directeur récemment porté à 18 %. De même, le déficit courant devrait atteindre 4 % du PIB, tandis que la dette publique, stabilisée autour de 25 % du PIB, demeure contrôlée.

Réformes fiscales : un chantier d’envergure nationale sous le regard du FMI

L’autre versant de cette mission réside dans le dialogue consacré aux réformes fiscales. Le vice-premier ministre et ministre de l’Économie nationale kazakhstanais, Serik Zhumangarin, a rappelé l’importance de l’engagement pris par Astana en affirmant : « Notre partenariat de long terme avec le FMI joue un rôle vital pour garantir la stabilité macroéconomique et bâtir une architecture durable de croissance économique ». Les nouveaux Codes budgétaire et fiscal, entrés en vigueur, constituent la colonne vertébrale de cet effort de modernisation, porteur d’une ambition rare à l’échelle régionale.

Le FMI salue ces avancées et appelle à poursuivre la consolidation. « Il est essentiel pour le gouvernement d’accroître ses sources de recettes hors secteur pétrolier, car cela importe pour la soutenabilité budgétaire à long terme du Kazakhstan », a souligné Ali Al-Eyd. La réforme de la TVA, annoncée pour porter le taux de 12 à 16 %, illustre cette volonté de rééquilibrage, tout comme la réduction envisagée du nombre d’exemptions fiscales :

Institutions, énergie et gouvernance : un partenariat qui s’élargit

Au-delà des indicateurs macroéconomiques, cette mission du FMI s’est également inscrite dans un effort plus large de consolidation institutionnelle. Le ministère des Finances, la Banque nationale et l’Agence de régulation du marché financier ont tenu plusieurs réunions avec les experts du Fonds pour travailler à l’amélioration des statistiques publiques et au renforcement des normes de transparence, selon le ministère des Finances. Ces réformes discrètes représentent un pilier indispensable de la crédibilité internationale d’Astana.

La rencontre entre le FMI et le vice-ministre de l’Énergie, Sanzhar Zharkeshov, a, quant à elle, donné une dimension plus stratégique à cette mission. Les échanges ont porté sur la transformation du secteur énergétique, pivot historique de la croissance kazakhstanaise mais désormais appelé à se réinventer. Le FMI a pris acte des efforts du pays pour diversifier son économie, tout en soulignant que la stabilité budgétaire dépendra aussi de la capacité d’Astana à moderniser ses industries extractives et à attirer des investissements nouveaux. Dans ce domaine, le Kazakhstan affiche une volonté claire : celle d’articuler son développement autour d’un modèle plus équilibré, combinant gestion prudente des ressources et innovation.