À la fin des années 1960, le folk intimiste et fervent de Joni Mitchell conquit une Amérique éprise de liberté. Évocation d’une grande dame sans concession, dont la voix insoumise a marqué son époque.

En 1967, une jeune folkeuse quitte sa famille, son mari et son Canada natal pour tenter sa chance aux États-Unis. Joni Michell chante d’une voix douce et grave et joue de la guitare sèche comme personne. Ses accords laisseront Eric Clapton stupéfait. À New York, l’ancien leader des Byrds, David Crosby, la remarque et la prend sous son aile. Ensemble, ils rejoignent en Californie les communautés de hippies qui tentent d’échapper à une Amérique conservatrice et puritaine. La réputation de Joni Mitchell rencontre alors un écho grandissant. Au sein du Flower Power, où évoluent aussi Joan Baez et Janis Joplin, féministes et engagées, ou un Bob Dylan contestataire, elle se démarque par son refus de suivre les modes de la contre-culture. Ses textes, d’un raffinement inédit, sont d’une facture intimiste et poétique. Ce style nouveau dans la scène folk rencontrera un succès public stupéfiant, et ses albums Clouds, Blue ou Hejira marquent leur époque. Introspective, sa musique devient l’une des incarnations d’une Amérique éprise de liberté.

L’Amérique désenchantée

C’est l’histoire d’une artiste exigeante et digne, qui, en quarante ans de carrière, n’a jamais accepté les compromis. Mondialement respectée, Joni Mitchell continue d’inspirer les nouvelles générations. Diana Krall, Katy Perry, Taylor Swift, Harry Styles ou Kanye West se revendiquent de son influence, prenant la suite de Prince, Eurythmics, Björk, Madonna ou Janet Jackson. Archives et témoignages (dont des entretiens avec Joni Mitchell et David Crosby) balisent l’évocation d’une grande dame qui ne s’est jamais cantonnée à un style, passant du folk au jazz et à la pop. Joni Mitchell, qui finit par ne plus supporter les magouilles de l’industrie du disque, fut sans doute la première à chanter l’écologie et évoqua l’aliénation des femmes enfermées dans leurs banlieues dorées. L’Amérique désenchantée avait trouvé sa voix.

Documentaire de Clara et Julia Kuperberg (France, 2022, 53mn)
Rediffusion disponible jusqu’au 21/06/2024