La postérité a légué de Jean-Paul II l’image d’un pape moderne, champion des libertés. Et pourtant, privilégiant les tenants de la morale traditionnelle sur les progressistes, le Saint-Père a étouffé les scandales qui auraient pu entacher une institution qui se voulait exemplaire. Des zones d’ombre jusque-là effacées par sa canonisation précoce… Jean-Paul II (1978-2005) aurait contribué à la chute du mur de Berlin et restauré l’image d’une Église en perte de vitesse. La canonisation rapide qui a suivi sa mort a-t-elle participé à effacer les zones d’ombre de son héritage ? Jusqu’au bout, le prélat polonais, qui avait su avec le syndicat Solidarnosc galvaniser la résistance de son peuple au totalitarisme soviétique, fut aussi le héraut d’une offensive conservatrice, condamnant tour à tour la « théologie de la libération » latino-américaine, l’avortement et, en pleine pandémie du sida, l’usage du préservatif. Allié discret des dictateurs argentin et chilien soutenus par Washington, il a aussi en 2003 permis à l’archevêque de Boston, accusé d’avoir couvert durant des décennies des prêtres pédophiles, d’échapper à la justice américaine. Relecture nuancée Avec le temps, les travaux des chercheurs révèlent une réalité souvent plus nuancée que les idées communément admises. De la dénazification de l’Allemagne à la neutralité orientée de la Suisse, de la décolonisation britannique au débarquement du 6 juin 1944, de Jean-Paul II à Ronald Reagan, cette passionnante collection documentaire se penche sur de grands personnages et des événements charnières de l’histoire du XXe siècle pour en proposer une lecture revue et corrigée. Porté par un récit limpide tissé de saisissantes archives, un nouveau regard sur notre passé récent. Un documentaire de Christiane Ratiney disponible jusqu’au 27/03/2021.