Nous allons vous raconter ce soir l’histoire d’un homme, un Suisse, brillant diplomate, charismatique et combatif. Jusqu’à la fin de l’année 2019, Pierre Krähenbühl est aussi le Suisse le plus haut placé aux Nations Unies. Bref, un objet de fierté pour notre pays, d’autant que ce Genevois de 55 ans dirigeait l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, une mission à haut risque dans une région hyper exposée. Cette histoire est étroitement liée aux enjeux de pouvoir et de domination qui ont fini par broyer le diplomate suisse. C’est de lui, et de son agence onusienne, abrégée UNRWA, que dépendent près de 5 millions et 700’000 réfugiés palestiniens, qui errent au Proche-Orient. Depuis 1948 et la création de l’Etat d’Israël, les guerres israélo-arabes successives ont condamnés à l’exil ces réfugiés qui dépendent en grande partie de l’aide des Nations Unies. Israël veut la disparition de cette agence, et son rêve est quasiment exaucé quand les Etats-Unis de Donald Trump décident de lui couper les fonds. Mais face à ces forces toutes puissantes dans la région se dresse un homme : le Suisse Pierre Krähenbühl. À fin 2019, le diplomate suisse est contraint à la démission. Emporté par un flot d’accusations de mauvaise gestion, de népotisme, d’entretenir une relation intime avec son adjointe, il choisi de jeter l’éponge avant même que le rapport d’enquête de l’ONU ne soit bouclé. Ce rapport terminé, nous l’avons obtenu en exclusivité, et nous vous en révélons le contenu, dans cette enquête, signée Anne-Frédérique Widmann et Xavier Nicol. Vous allez découvrir comment les enjeux géopolitiques d’une des régions les plus incandescentes de la planète ont brûlé le destin d’un homme. Et voici l’épilogue de cette affaire : tout le cercle rapproché de Pierre Krähenbühl a quitté l’agence onusienne. Et c’est un autre Suisse, Philippe Lazzarini, qui l’a remplacé, mais l’agence est au bord du précipice. Les salaires n’ont pas pu être payés, ce qui est particulièrement douloureux car l’immense majorité de ses employés sont des réfugiés qui font vivre des familles élargies. Des menaces de grève générale ont été lancées. À cela s’ajoute la situation sanitaire aggravée par la pandémie de COVID. A Gaza, la région la plus pauvre soutenue par l’agence, le système de santé est sur le point de s’effondrer. Quant à la Suisse et à son Département fédéral des Affaires étrangères, tout en restant critique à l’égard de l’UNRWA, elle a reconduit son aide de 20 millions de francs, pour deux ans, estimant que l’agence onusienne reste un facteur de stabilité au Proche-Orient, faute de solution politique. Un documentaire de Xavier Nicol et Anne-Frédérique Widmann.