A la poursuite d’Héraclite, philosophe présocratique à la pensée immortelle et à l’existence nimbée de mystère, Le mardi des auteurs plonge aux confluents de l’Europe et de l’Asie, entre Athènes et Babylone, dans une Grèce à feu et à sang… A la fin du VIe siècle avant J.-C., à l’heure où naît la philosophie, Ephèse tombe sous la coupe des Perses. C’est dans cette Ionie en proie à la guerre qu’Héraclite forge son caractère et cisèle ses Fragments sibyllins. Témoin de la révolte et de la défaite des Ephésiens, il fait du Polémos le principe cardinal de sa philosophie : « Guerre est de tous le père et de tous le roi ; et les uns, elle les désigne comme dieux, les autres comme hommes ; les uns elle les fait esclaves ; les autres, libres. » Dans quel but Héraclite a-t-il choisi le conflit comme source de vie et de sagesse ? Pour se distinguer des aristocrates et des philosophes de son temps ? Pour vivre libre, en défendant « sa loi » dans la cité menacée par les Perses ? Pour percer les mystères du Logos divin ? « Je me suis cherché moi-même », répond l’Ephésien. Après sa mort, d’Epicure à Lénine, en passant par Nietzsche, les plus grands penseurs et révolutionnaires n’ont cessé de célébrer ou d’attaquer Héraclite, chantre de la discorde et père – dit-on – de la dialectique.