Consacré à l’une des pionnières de la danse moderne en France, ce film sur Karin Waehner, danseuse, chorégraphe et remarquable pédagogue, est étoffé de multiples témoignages émouvants. Chorégraphes, critiques et danseurs de plusieurs générations, dont Angelin Preljocaj, évoquent son enseignement, tandis que de rares documents d’archives montrent son parcours artistique et le situent dans l’Histoire. Une bonne part du travail de la danse contemporaine se déroule dans le secret de la transmission, fruit de la grande qualité pédagogique de danseurs et chorégraphes qui œuvrent souvent dans l’ombre. Cette « empreinte du sensible » découvre tout un pan de l’histoire de la danse. Née en 1926, Karin Waehner a étudié et dansé chez Mary Wigman, puis séjourné à Buenos Aires, avant de s’installer en France en 1953 où elle a créé et enseigné jusqu’à la fin de ses jours en 1999. Défrichage à mains nues, travail sur le ressenti, mise en état, nécessité intérieure, le travail de la chorégraphe allemande porte sur la sensation. Celle d’un corps lentement modelé mais aussi partagé par l’histoire. Un corps critique qui assume et reconduit le geste dont il est le médiateur. Cette délicate et rigoureuse démarche d’appréhension de la mémoire est aussi largement évoquée et commentée par elle-même. Un documentaire de Sylvia Ghibaudo.