La puissance d’une nation se mesure habituellement par l’addition de son potentiel économique et militaire. Dans le cas de l’ex-Union soviétique, elle reposait avant tout sur son outil militaire et la menace qu’il représentait. Dès sa création, en 1918, l’Armée rouge s’est distinguée radicalement de toutes les autres. Elle ne fut pas seulement l’armée d’une nation mais celle d’un parti-État. Elle fut d’abord une armée de guerres civiles à l’échelle de l’ex-empire russe, puis du monde. Ce fut enfin une armée de guerre totale, où la violence et la cruauté furent sans limites. Mais elle fut aussi une armée héroïque dont les souffrances et les sacrifices endurés par ses soldats pour vaincre l’Allemagne nazie – 9 millions de morts, 18 millions de blessés – l’ont élevée au rang de mythe. Raconter cette période de son histoire, qui commence en 1918 et s’achève en 1945, c’est une autre manière d’aborder celle d’une utopie du siècle : le communisme.